Le désistement du plus grand fournisseur de cellulaire américain ramène le marché canadien à la case départ. Comment améliorer la concurrence ici? À deux semaines de l'inscription aux enchères de spectre, le problème reste entier.

Verizon ne viendra pas au Canada, a indiqué le grand patron de la société américaine lundi, coupant court à des mois de conjectures. «Les médias ont fait beaucoup plus de cas de notre intérêt qu'il n'y en avait à l'interne», a indiqué Lowell McAdam à l'agence Bloomberg, ajoutant que l'affaire avait pris des proportions «nettement exagérées».

Est-ce à cause du manque de nouvelles estival? Ou du manque de concurrence dans le sans-fil Canada? Chose certaine, l'abandon de Verizon laisse un grand vide. On voit à quel point le marché canadien n'a rien du bar ouvert décrié par Bell, Rogers et Telus. Si c'était le cas, les prétendants étrangers se seraient bousculés au portillon pour racheter les petits fournisseurs Wind Mobile et Mobilicity, et rafler les blocs de spectre de grande qualité qu'Ottawa mettra bientôt aux enchères. Or, la salle est déserte. Non sans raison. 

L'entreprise qui voudra se tailler une place ici arrivera dans un marché dominé par trois grands fournisseurs qui détiennent 90% de la clientèle. Trois noms connus qui ont jusqu'en décembre pour faire signer des contrats de trois ans à leurs abonnés. Trois sociétés qui, en plus de posséder leurs propres réseaux transmission, de vente et de soutien, exploitent d'autres services de télécommunications qui leur apportent des liquidités et leur permettent de faire des offres combinées. C'est ce qui explique qu'une société bien établie comme Vidéotron s'en tire mieux que d'autres nouveaux venus. 

Le retrait de Verizon laisse le gouvernement Harper et les consommateurs dans les limbes. À moins qu'un autre acheteur prestigieux ne se manifeste bientôt, le sort de Wind et de Mobilicity est plus qu'incertain. Les transferts de propriété qui réduisent la concurrence ont beau être interdits, encore faut-il trouver un repreneur aux reins solides. La venue de nouveaux fournisseurs est le seul élément qui ait réussi à faire diminuer un peu les tarifs du cellulaire au Canada. Le pire est à craindre s'ils disparaissent. 

 Nos trois mastodontes n'ont d'ailleurs pas l'intention de s'arrêter en si bon chemin. La «menace» de Verizon n'était pas si tôt écartée qu'ils revenaient à la charge sur l'enchère de spectre, s'obstinant à qualifier d'échappatoires les conditions fixées par Ottawa pour favoriser la concurrence. 

 Après la campagne qu'ils ont menée cet été, à grand renfort de publicités dramatiques et de déclarations alarmistes, cela ne devrait pas nous étonner. Leur première responsabilité, après tout, est de défendre les intérêts de leurs actionnaires. Les consommateurs canadiens ont intérêt à s'en souvenir et à garder l'oeil ouvert, car la bataille pour de meilleurs tarifs de sans-fil est loin d'être gagnée.

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