Les services à domicile qu'une personne âgée reçoit dépendent plus de son lieu de résidence que de ses besoins, a constaté le vérificateur général cette semaine. L'assurance autonomie proposée par le ministre Hébert pourrait améliorer la situation, mais beaucoup d'anomalies devront être corrigées pour qu'un tel projet fonctionne.

L'espace nous manque pour énumérer tous les problèmes identifiés. La plupart découlent d'une absence de directives et de contrôles communs. Non seulement l'accès aux services varie d'une région à l'autre, et souvent à l'intérieur d'une même région, mais leur organisation diffère tellement qu'il est difficile d'en mesurer et d'en améliorer l'efficacité.

Or, Québec s'est engagé à consacrer plusieurs centaines de millions de dollars supplémentaires aux services à domicile au cours des prochaines années. L'assurance autonomie, qui leur allouerait une part beaucoup plus importante du financement des soins de longue durée, leur donnerait encore plus de ressources. Allons-nous déverser des millions dans un système qui fuit de toutes parts?

Certes, le soutien à domicile est tellement sous-financé qu'y consacrer plus d'argent ne peut qu'améliorer la situation. À l'heure actuelle, les administrations locales doivent se débrouiller avec les budgets dont elles disposent, sans égard aux besoins des personnes qui se trouvent sur leur territoire. 

Le modèle de l'assurance autonomie, selon lequel l'argent suivrait le patient, règlerait une partie des problèmes. Mais avant de rediriger une part aussi importante des budgets dans les services à domicile, il faut s'assurer que chaque dollar dépensé donne le maximum de résultats. Pour ce faire, il faut identifier les meilleures pratiques, et les étendre partout où c'est possible.

Évidemment, il y aura toujours des différences régionales. Le temps requis pour se rendre d'un patient à un autre influence sur le nombre d'interventions qu'un ergothérapeute ou une aide domestique peut faire dans sa journée. Mais il y a aussi beaucoup de différences entre les régions qui n'ont pas lieu d'être, et qui sont simplement le reflet de pratiques inefficaces.

Un exemple simple: certains intervenants remplissent encore l'évaluation des besoins de l'usager à la main puis la retranscrivent à l'ordinateur, une perte de 30 à 45 minutes. Le vérificateur ne dit pas pourquoi, mais note que l'accès aux ordinateurs portables est très inégal. Cela va du tiers à la quasi-totalité des professionnels, selon les endroits étudiés. 

Les investissements en informatique qui ont effet direct sur le volume de services ne devraient pas être laissés à la discrétion des administrations locales. C'est le genre de question qui devrait faire l'objet d'une directive uniforme - comme plusieurs autres d'ailleurs.

L'attente du projet d'assurance autonomie ne doit pas devenir un prétexte à ne rien faire. Beaucoup de choses peuvent, et doivent, être entreprises dès maintenant pour améliorer l'offre de services.

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