Plus d'un million de Québécois font désormais partie du fameux système d'information médicale centralisé, a annoncé le ministre de la Santé hier. Si vous habitez Montréal ou l'une des trois autres régions pilotes, vous y êtes peut-être déjà. Vous n'avez rien senti? Normal. Pour l'instant, le système est encore en construction et à l'usage exclusif des professionnels.

Le Dossier santé Québec (DSQ) est l'équivalent médico-informatique d'une cathédrale: ambitieux, coûteux, long et compliqué à bâtir, le genre de projet dont on se demande si on le verra fini de son vivant. Ça commence à prendre forme, nous a-t-on dit hier. C'est encore le chantier, avons-nous pu constater.

Pourquoi en parler maintenant? Parce que Québec vient de lancer une campagne de pub dans les quatre régions pilotes, et prévoit l'étendre au reste de la province d'ici la fin 2013. Et que tout cela risque de paraître bien abstrait à une grande partie de la population, pour qui les avantages du DSQ tardent à se faire sentir.

À terme, le système doit donner accès aux résultats des radiographies et autres tests d'imagerie médicale, aux résultats de labo et aux médicaments d'un patient, peu importe où il consulte au Québec. Pour l'instant, ces informations restent à compléter partout, y compris dans la capitale, qui a pourtant été la première région pilote à compter de 2010. À Montréal, où l'implantation a commencé l'an dernier, un (!) groupe de médecine familiale (GMF) est branché, mais aucun CLSC ni clinique médicale.

Les difficultés du projet, éreinté à quatre reprises par le vérificateur général et retardé par les négociations avec les omnipraticiens et les pharmaciens, ont rendu le ministère prudent. Le déploiement général annoncé pour la fin de l'année signifie seulement qu'au moins un des trois grands domaines (labos, imagerie ou prescriptions) sera en cours d'implantation. En Montérégie et dans Chaudière-Appalaches, par exemple, on commencera par les prescriptions, en Outaouais par les labos.

Même en priorisant de la sorte, le changement mettra du temps à se faire sentir, car la mise en service est graduelle. Un médecin qui n'est pas encore branché ne peut pas envoyer de prescriptions électroniques. Et tant que la majorité des pharmacies d'une région ne seront pas reliées, même des médecins branchés vont continuer à gribouiller des ordonnances à l'ancienne.

Il faut aussi savoir que rien, pour l'instant, n'a été prévu pour que le patient puisse accéder à ses résultats. Et que les dossiers médicaux détaillés, où figurent notamment les notes des médecins, ne seront pas versés au système, même lorsqu'ils existent en format numérique.

Le DSQ sera quand même très utile puisqu'il devrait aider à gérer la médication des malades, et éviter des reprises de tests de labo et d'imagerie médicale. Mais tant que les patients n'en verront pas les manifestations concrètes, il ne faudra pas s'étonner qu'ils restent sceptiques devant la valeur de ce coûteux système.

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