Le maire de New York, Michael Bloomberg, vient d'essuyer un échec cuisant dans sa tentative de limiter le format des verres de boissons gazeuses et sucrées. Un avertissement aux élus qui prétendent faire reculer les problèmes de surpoids en s'attaquant à ces breuvages.

Si vous allez à New York pour la fin de semaine de Pâques, vous pourrez encore commander un verre de cola de 20 oz, 24 oz ou davantage et ce, n'importe où - à supposer que vous en ayez envie. L'amendement interdisant la vente de boissons sucrées en formats de plus de 16 oz. (473 ml) dans la restauration a en effet été invalidé cette semaine, la veille de son entrée en vigueur.

Ce n'est pas la première initiative contestée du maire Bloomberg. En matière de santé publique, toutefois, c'est la moins défendable. Si les dangers de la fumée secondaire pouvaient légitimer les interdictions de fumer, et la nocivité des gras trans justifier qu'on limite leur usage en cuisine, il en va tout autrement des boissons sucrées. On peut souhaiter que personne n'en ingurgite plus d'un demi-litre à la fois, mais dépasser cette dose ne présente pas, en soi, de danger pour la santé.

Près du quart des adultes new-yorkais sont obèses. En les enrôlant dans une expérience où on restreindrait leur consommation de boissons sucrées, on réussirait sans doute à en faire maigrir plusieurs. Espérer arriver au même résultat avec l'amendement adopté l'automne dernier relève cependant de la pensée magique.

Comme l'a relevé le juge Tingling, cette mesure est un tissu d'incohérences. Non seulement des boissons très sucrées comme les laits frappés et certains cafés ne sont pas touchées, mais toutes les épiceries sont exemptées parce qu'elles sont de juridiction fédérale! Limiter les formats utilisés par la restauration alors que les dépanneurs vendent des verres gros comme des vases à fleurs est une absurdité qui frise l'hypocrisie.

Pis que tout: le Département de la santé n'a pas le pouvoir d'adopter un tel amendement, a tranché le juge. Il aurait fallu passer par le conseil municipal. Pourquoi le maire Bloomberg n'y présente-t-il pas sa mesure, au lieu d'aller en appel? Évidemment, les élus seraient plus difficiles à convaincre que les responsables de la santé publique.

Bourrées de calories et dépourvues de qualités nutritionnelles, les boissons gazeuses sont devenues une cible tentante dans la lutte au surpoids. L'ennui, c'est que le lien de cause à effet entre les règlements envisagés et l'objectif recherché est généralement inexistant.

Le ministre Réjean Hébert n'a pas fait mieux la semaine dernière, en évoquant la possibilité de taxer les boissons gazeuses et énergétiques pour en réduire la consommation. Si l'effet dissuasif fonctionnait (ce dont nous doutons), les Québécois se rabattraient vers d'autres boissons ou aliments sucrés non taxés. Au mieux, ce sont les finances publiques, et non la santé publique, qui en profiteraient. Est-ce le but visé? Si c'est le cas, qu'on nous le dise.

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