Le gouvernement Marois a voulu démontrer son leadership en déposant un projet de loi sur l'enregistrement des armes à feu avant que le transfert des données fédérales ne soit réglé. Soit. Cependant, il doit aussi se montrer responsable, en précisant combien coûtera son registre, et en garantissant que les chasseurs n'en paieront pas le prix.

Le registre des armes à feu a une forte valeur symbolique au Québec. L'Assemblée nationale a adopté pas moins de huit motions unanimes en faveur du maintien des données sur les armes sans restriction. On en a encore eu la preuve mardi, lorsque le ministre de la Sécurité publique a commencé sa conférence de presse en remerciant ses adversaires politiques Robert Poëti (PLQ), Jacques Duchesneau (ADQ) et Françoise David (QS) de leur présence à ses côtés.

Sûr de l'emporter en Cour d'appel, le ministre Stéphane Bergeron a pris les devants afin que la province soit prête à intégrer la portion québécoise du registre fédéral des armes d'épaule. Compte tenu de l'entêtement des parties, ce n'est sans doute pas pour demain. L'affaire risque fort de s'étirer jusqu'en Cour suprême, si celle-ci accepter de l'entendre.

Que le ministre refuse d'envisager un échec, et d'estimer ce qu'il en coûterait pour bâtir un registre sans les données fédérales, passe encore. Ce projet-là serait si cher qu'il faudrait s'interroger sérieusement sur sa pertinence.

Par contre, il devrait être capable de nous indiquer combien coûtera son système après les 3 à 5 millions prévus pour la première phase. Les porte-parole des partis d'opposition n'ont pas fait preuve de plus de rigueur en répétant comme un mantra qu'une «vie humaine n'a pas de prix». Comme invitation aux dépassements de coûts, on peut difficilement faire mieux.

Les députés doivent aussi être conscients que leur belle unanimité n'est pas partagée par toute la population. Particulièrement chez les citoyens ciblés, les propriétaires d'armes longues, qui en ont vu de toutes les couleurs depuis le milieu des années 90.

Le projet de loi actuel ne prévoit pas de pouvoir de tarification, et ne vise pas de changements fondamentaux au processus existant, nous dit la Sécurité publique. C'est bien, mais il faut un engagement clair. Le registre québécois ne doit pas être plus lourd que celui qu'il prétend remplacer.

L'enregistrement et le transfert des armes d'épaule doivent rester gratuits pour les utilisateurs. La procédure et les renseignements demandés doivent demeurer les mêmes.

Les propriétaires québécois d'armes sans restriction sont les seuls au pays à ne pas avoir été libérés de l'obligation d'enregistrer ces armes. Ils ne sont pourtant pas plus dangereux, ni plus irresponsables. La décision de maintenir un registre est un choix de société. Il doit donc être financé par l'ensemble de la société, et ne pas brimer davantage les citoyens à qui on veut l'imposer.

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