Les Québécois sont plus portés à travailler durant leurs études que les jeunes du reste du pays, nous apprend l'Institut de la statistique du Québec (ISQ). Il faut s'en préoccuper, tout en se méfiant des conclusions hâtives.

Plus de 42% des Québécois de 15 à 24 ans qui étudient à temps plein effectuent du travail rémunéré durant l'année scolaire, montrent les données de l'ISQ. C'est plus que la moyenne canadienne (36,6%) et que n'importe quelle autre province en 2011. Et ce n'est pas un phénomène passager. Considéré sur cinq ans, de 2007 à 2011, le taux d'emploi étudiant au Québec est de 42,5% en moyenne, devancé seulement par le Manitoba (43,5%).

À voir les taux de décrochage, certains de ces jeunes auraient sûrement intérêt à recentrer leurs énergies sur leurs études. Ces chiffres ne sont cependant pas les plus éclairants.

Plus que le fait d'occuper un emploi durant l'année scolaire, c'est le nombre d'heures consacrées à cette activité qui risque de compromettre la réussite. Là encore, les Québécois détiennent le record national, soit 14,7 heures par semaine. Mais ceux qui devraient vraiment nous préoccuper sont ceux qui travaillent davantage.

Le nombre d'heures rémunérées à partir duquel les études risquent de souffrir ne faisant pas l'unanimité, l'ISQ a examiné deux seuils hebdomadaires considérés comme critiques: 15 heures ou plus, et 25 heures ou plus. Près d'un étudiant sur deux bosse au moins 15 heures par semaine, et presque un sur 10 durant au moins 25 heures.

C'est beaucoup, en particulier pour certains groupes. Occuper un emploi peut être très formateur. Cette expérience développe un certain sens des responsabilités et aide à comprendre les réalités du monde du travail. Est-il pour autant souhaitable, quand on n'a pas 20 ans, d'y consacrer plus de 24 heures par semaine? On en doute. C'est pourtant ce que font 6,2% des jeunes étudiants à temps plein.

On devrait aussi s'intéresser au fait que les jeunes hommes sont plus nombreux à travailler au-delà des seuils critiques - en particulier au secondaire, où le décrochage est plus prononcé dans leurs rangs.

Comme le rappelle avec justesse l'ISQ, il n'existe pas de consensus sur la relation entre le temps de travail et la réussite scolaire. Mais compte tenu de la participation record de nos étudiants au marché de l'emploi, et des inquiétudes de la société québécoise par rapport à leurs taux de diplomation, le phénomène devrait être examiné de beaucoup plus près.

L'impact du travail n'est pas uniforme. Outre le diplôme, les notes et le choix de programme peuvent aussi en souffrir. Le nombre d'heures critique dépend aussi de plusieurs facteurs, dont les aptitudes de l'étudiant, ainsi que la nature et les horaires du travail.

La combinaison études-travail est là pour rester. Si on veut en éliminer les effets négatifs, il faut pouvoir identifier les étudiants à risque, et les interpeler de façon crédible.

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