Québec réduit les tarifs versés aux hôpitaux pour certaines chirurgies. Une décision qui, malgré les assurances du ministre, risque d'affecter les patients au cours des prochains mois.

La mesure touche les hôpitaux qui ont accepté de faire davantage de certaines interventions pour réduire l'attente (des prothèses du genou et de la hanche par exemple) ou pour faire face aux besoins accrus.

Le ministre Réjean Hébert affirme que la réduction correspond à des frais administratifs et de soutien payés en double et, donc, que ces compressions n'entraîneront pas de coupes de services.

Nous sommes sceptiques. Les hôpitaux apprennent que les sommes qu'ils recevront pour l'exercice en cours seront réduites de façon importante (plus de 30% pour certaines chirurgies selon nos informations) alors que plus de la moitié de cet exercice est déjà passé. Cela leur laisse bien peu de temps pour ajuster leur budget.

Certains établissements pourront économiser en reportant des projets qu'ils avaient prévu faire d'ici au 31 mars. Mais tous n'ont pas cette marge de manoeuvre. Ceux-là devront trouver autre chose.

Le ministre nous assure qu'ils ne toucheront pas aux services et que les agences régionales de santé sont là pour y veiller.

Permettez-nous d'en douter. À moins de six mois de la fin de leur année financière, les établissements ne pourront pas nécessairement récupérer cet argent dans les postes budgétaires où ils en auraient trop reçu, c'est-à-dire l'administration et le soutien. Ils iront le chercher là où ils le peuvent. On ne laissera évidemment pas les malades périr au seuil de l'urgence, mais il existe mille façons de rogner en douce dans les services. Les malades ne sauront pas à quoi attribuer ce qui leur arrive - plus personne ne s'étonne que ce réseau tourne un peu carré. Mais le fait est que ce sont eux, et non l'administration, qui risquent de faire les frais de ces coupes précipitées.

Nous l'avons dit maintes fois, le système actuel ne nous en donne pas assez pour notre argent. Sa double couche de bureaucratie, à la fois régionale et centralisée à Québec, détourne une trop grande partie des fonds, et l'on peut penser qu'il y a aussi des sommes mal utilisées dans les établissements.

Il est donc heureux que le nouveau ministre de la Santé ait découvert un moyen de récupérer 50 millions de dollars par an. Par contre, il aurait dû annoncer ce resserrement pour le prochain exercice afin d'éviter que les hôpitaux ne prennent des décisions nuisibles aux patients.

Réjean Hébert a aussi annoncé son intention de regarder partout, du ministère aux centres de santé et de services sociaux (CSSS) en passant par les agences régionales, pour voir si l'argent est bien dépensé. Avec un tel critère, il ne devrait pas avoir de mal à trouver d'autres sommes à récupérer. Espérons que cette fois, il les emploiera à améliorer l'offre de soins de santé, et non à boucler le budget de son collègue des Finances à quelques semaines d'avis.

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