Démocrates et républicains laisseront-ils, par calcul politique, les États-Unis s'écraser sur le mur budgétaire qui se dresse devant eux à la fin de l'année? Ce scénario irresponsable n'est malheureusement pas exclu.

Si les deux partis ne réussissent pas à s'entendre, plus de 600 milliards de dollars de hausses d'impôt et de réductions de dépenses s'enclencheront automatiquement le 1er janvier. Ce serait la première fois que le déficit diminuerait autant en un an depuis 1969. On sait à quel point les finances américaines ont besoin d'une cure minceur. Le remède de cheval, toutefois, ferait plus de mal que de bien. Ces mesures risquent en effet de réduire le produit intérieur brut (PIB) de plus de 4% l'an prochain, estime le Fonds monétaire international (FMI). Assez pour replonger les États-Unis en récession, éclabousser le Canada et ébranler le fragile équilibre économique mondial.

Les dernières années nous ont rappelé combien, en dépit des théories et des beaux discours, les élus peuvent bien peu de choses pour relancer une économie en panne. On s'attendrait au moins à ce qu'ils s'abstiennent de lui nuire.

Les principaux intéressés, hélas, ne partagent pas cette logique. Les démocrates contrôlant toujours le Sénat et les républicains, la Chambre des représentants, les compromis s'annoncent aussi difficiles qu'avant les élections.

Malgré la réaction négative des marchés, les demandes pressantes de l'Europe et le marathon de négociations des prochaines semaines, il est possible que les partis foncent délibérément dans le mur. Car chacun, aussi révoltant que cela puisse paraître, pourrait y trouver un certain intérêt.

Les républicains se poseraient en gens de parole ayant refusé d'appuyer quelque augmentation d'impôt que ce soit - la hausse se produirait automatiquement à l'expiration des mesures de l'administration Bush. Les démocrates auraient alors beau jeu de blâmer leurs adversaires pour ce dérapage incontrôlé.

On n'en est pas là, heureusement. Et il est encore permis d'espérer qu'on n'y arrive jamais. Le leader républicain de la Chambre, John Boehner, a tenu un discours responsable hier, invitant le président à exercer son leadership pour trouver un terrain d'entente.

Obama étant réélu pour quatre ans, les républicains trouveront sans doute moins nécessaire de bloquer tout accord dont il pourrait prendre le crédit. Leurs bases de négociation, toutefois, n'ont pas bougé. Si le président veut récolter plus d'argent en impôts, ce ne sera pas en relevant les taux d'imposition, et en échange, il devra accepter de couper dans les programmes de transferts comme Medicare et Medicaid, a prévenu Boehner.

Les deux partis, pour peu qu'ils en aient la volonté, peuvent encore éviter le mur. Mais compte tenu des délais, ils se borneront sans doute à contourner l'obstacle, évitant encore une fois le vrai problème de la dette.

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