L'abattoir de XL Foods vient de rouvrir sous haute surveillance de l'Agence canadienne d'inspection des aliments (ACIA). Voilà qui devrait éviter, du moins pour un temps, que d'autre boeuf contaminé ne sorte de cette usine. Mais cela ne nous protège en rien contre la répétition de tels problèmes ailleurs.

Le système a fonctionné, a indiqué hier la nouvelle chef de la salubrité des aliments à l'ACIA, Martine Dubuc.

À partir du moment où de la viande contaminée a été signalée, oui, la machine a réagi. L'ACIA a émis des rappels, trouvé des failles dans le fonctionnement de l'abattoir, exigé des correctifs et surveillé leur mise en place avant d'autoriser la réouverture. Bref, on a limité des dégâts. La prévention qui aurait dû se faire en amont, par contre, a clairement fait défaut.

Le plus préoccupant n'est pas que de la viande contaminée à l'E. coli ait été produite dans cette usine. La bactérie étant généralement présente dans le système digestif des bovins, le risque est bien connu. Et aucun système de prévention n'est infaillible, ni à l'épreuve de l'erreur humaine.

Ce qui est vraiment inquiétant ici, c'est que les mesures prévues pour éviter ce genre de problème n'ont tout simplement pas été appliquées. L'entreprise avait un bon plan de contrôle, mais elle ne l'a pas entièrement suivi, a découvert l'ACIA en enquêtant sur la contamination.

Le moins qu'on puisse dire, c'est que XL a manqué à ses obligations. C'est très grave, car le cadre d'inspection actuel repose sur la vigilance et le sens des responsabilités des entreprises. Le système, de ce point de vue, n'a pas fonctionné.

Et rien ne garantit, au moment où vous lisez ces lignes, que tout marche comme sur des roulettes dans les autres abattoirs. Respectent-ils les mesures de détection et d'analyse qu'ils se sont engagés à suivre? C'est le rôle de l'ACIA de s'en assurer. En Alberta, toutefois, il a fallu une enquête spéciale, en réaction à la découverte de viande contaminée, pour s'apercevoir que XL ne remplissait pas sa part du contrat. Ce rouage-là du système non plus n'a pas fonctionné. Pourquoi les inspecteurs n'ont-ils rien vu dans le cours normal de leur travail? On ne nous a toujours pas fourni d'explications là-dessus.

L'agence a promis de commander un examen approfondi à son comité consultatif d'experts, et de revoir ses façons de faire au besoin. Espérons qu'ils étudieront le problème sous tous les angles, y compris celui de la responsabilité de l'entreprise.

Un abattoir qui tourne les coins connaît les risques financiers auxquels il s'expose en cas de contamination. Le consommateur, par contre, ignore le risque qu'il court en mangeant ces produits. Le boeuf de XL aurait rendu au moins 16 personnes malades. S'il s'avère que l'entreprise a fait preuve de négligence, Ottawa devra lui infliger une amende exemplaire.

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