La diffusion malencontreuse des résultats de Google en pleine séance de transactions boursières a amplifié la réaction négative des investisseurs jeudi. Mais les faits demeurent. L'engouement pour les appareils mobiles sape la rentabilité du géant de la recherche internet.

Les analystes s'attendaient à un bénéfice par action d'environ 10,65$ au troisième trimestre. Google a livré 1,62$ de moins. L'intégration de Motorola continue à peser, mais le plus frappant est l'érosion du coût par clic payé par les annonceurs.

Si l'on enlève l'effet de change, le recul est de 8%, et non 15%, a plaidé le directeur financier Patrick Pichette. N'empêche, ça dure depuis plusieurs trimestres. Les consommateurs passent de plus en plus de temps sur leurs tablettes et leurs téléphones dits intelligents. Malheureusement pour Google, la publicité s'y vend nettement moins cher que celle qu'ils voient sur leur ordinateur.

Quelle ironie. Des secteurs traditionnels comme la musique ou les médias n'ont pas encore fini de se réinventer sur l'internet que déjà, des entreprises nées du web, comme Google et Facebook, doivent adapter leur modèle d'affaires à la nouvelle donne mobile.

Le grand patron de Google, Larry Page, préfère parler de tendance «multi-écrans». Toutefois, son insistance à rappeler combien il est bien placé pour tirer profit du virage mobile montre à quel point ce phénomène le préoccupe.

Les tarifs publicitaires vont finir par augmenter, disent plusieurs spécialistes. Peut-être. Mais il ne faut pas oublier que les appareils mobiles, en particulier les cellulaires, permettent aux marchands de solliciter les consommateurs de façon beaucoup plus ciblée qu'une simple réclame liée à un résultat de recherche.

Déjà sur l'internet, les consommateurs qui prennent l'habitude de faire leurs recherches chez les marchands en ligne, comme Amazon, au lieu de passer par Google, sont un sujet de préoccupations. Avec le mobile, grâce aux applications et à la géolocalisation, il sera de plus en plus facile pour les marchands de solliciter directement la clientèle. Si Google ne réussit pas à s'imposer comme intermédiaire, il y perdra au change.

La migration vers le mobile n'affecte pas seulement les entreprises internet comme Google, Facebook ou Zynga. Des sociétés comme IBM, Microsoft, AMD ou Intel souffrent du ralentissement des ventes d'ordinateurs. Le lancement de Windows 8 la semaine prochaine pourrait repartir la machine. Mais plus que son effet sur les ventes d'ordis, c'est le succès de Surface, la nouvelle tablette de Microsoft, qui sera à surveiller.

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Le titre de Google a encore reculé hier. En deux jours, il a perdu près de 10% de sa valeur. Il faudra voir si cela se poursuit la semaine prochaine. Malgré l'incertitude liée au mobile, l'entreprise demeure profitable, en croissance et dotée d'une formidable expertise. Des investisseurs pourraient trouver que c'est un bon moment pour acheter du GOOG à meilleur prix.

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