Presque deux ans jour pour jour après la mort de trois cyclistes sur la route 112, la cause de l'accident est enfin confirmée. Le conducteur somnolait au moment de l'impact. Hélas, le danger de la fatigue au volant demeure largement sous-estimé.

Presque deux ans jour pour jour après la mort de trois cyclistes sur la route 112, la cause de l'accident est enfin confirmée. Le conducteur somnolait au moment de l'impact. Hélas, le danger de la fatigue au volant demeure largement sous-estimé.

Le comportement du conducteur n'avait rien d'excessif. Pas d'alcool, de drogue ou de cellulaire. Vitesse contrôlée. Et s'il avait manqué de sommeil la veille, c'est à cause du travail et du soin de ses enfants, montre l'emploi du temps reconstitué par le coroner. Que ceux qui n'ont jamais pris le volant dans ces conditions lèvent la main.

Il a suffi d'un moment d'absence. Le premier impact a ramené le conducteur à ses sens. Le cycliste a été projeté dans l'herbe au bord de la route. Les trois suivants n'ont pas eu cette chance. Deux des victimes sont mortes sur le coup, l'autre peu de temps après.

Il n'était même pas 10h. Le conducteur rentrait chez lui après sa nuit de travail «Bien qu'il soit fatigué au départ il ne semblait pas plus fatigué qu'à l'habitude», note le coroner.

Le problème est là, dans toute sa tragique banalité.

À peine un conducteur sur 10 considère la fatigue comme l'une des principales causes d'accident. C'est pourtant la troisième en importance. Un conducteur sur 20 avoue d'ailleurs s'être déjà endormi au volant.

La fatigue est un facteur de risque. Mais ce qui est plus dangereux encore, c'est de ne pas avoir conscience de cet épuisement.

C'est ce qui arrivé sur la route 112 le 14 mai 2010. Si le conducteur s'était rendu compte de son état, il aurait pu prendre des précautions pour éviter de s'assoupir. Au lieu de quoi, il a roulé avec son régulateur de vitesse activé. Pratique pour éviter les excès de vitesse, mais désastreux pour la vigilance. Cet appareil crée un sentiment de sécurité trompeur qui devrait être souligné dans les campagnes de sécurité, note d'ailleurs le coroner.

Cet accident trois fois mortel a choqué le public. On sait aujourd'hui qu'il aurait pu être évité. Mais on voit aussi comment ce genre de situation est difficile à prévenir.

Québec a beau avoir entrepris d'asphalter les accotements des routes très fréquentées, et le coroner avoir rappelé que les cyclistes auraient dû rouler en file et non en peloton, aucune de ces précautions n'aurait sauvé les victimes. La répression de l'alcool et de la vitesse non plus. La fatigue, dont le conducteur n'était apparemment pas conscient, est la grande responsable de ce drame.

La Société de l'assurance auto (SAAQ) en parle depuis quelques années et prévoit une campagne plus importante cet été. C'est bien, mais il aurait aussi fallu qu'on apprenne la véritable cause de cet accident plus tôt, pendant que l'horreur était encore présente dans les esprits.

Ce cas vécu est beaucoup plus éloquent que n'importe quelle campagne de sensibilisation.

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