Le nouvel optimisme de la Banque du Canada ne doit pas nous faire perdre de vue ses mises en garde sur l'endettement des particuliers.

Une croissance plus vigoureuse, ici comme dans l'ensemble du monde. Une économie canadienne qui se remettra à tourner à plein régime six mois plus tôt que prévu. Le ton de la Banque est nettement plus optimiste depuis deux jours. Un optimisme prudent, émaillé des réserves habituelles, mais qui contraste avec la mise à jour déprimante de janvier.

Le point le plus remarqué est évidemment cette porte rouverte à une hausse des taux. Inutile, toutefois, de partir en peur. La Banque peut encore changer d'idée, comme elle l'a fait en septembre dernier. Est-ce pour cela qu'elle n'a pas évoqué ce facteur pour convaincre les Canadiens de réduire leur endettement? Depuis le temps que le gouverneur Mark Carney en parle, des consommateurs vont finir par dire qu'il crie au loup. Cette perspective, pourtant, n'a rien d'imaginaire. Elle est inévitable.

L'endettement des ménages n'est pas le sujet qui a le plus retenu l'attention dans le rapport sur la politique monétaire d'hier. C'est pourtant l'un des plus importants.

La valeur des maisons, on le sait, a beaucoup augmenté depuis 10 ans. Cette appréciation, hélas, n'a pas autant contribué à la sécurité financière des Canadiens qu'il l'aurait pu. Ceux-ci, en effet, ont pris l'habitude d'emprunter sur ces actifs pour financer leur consommation. Et de façon considérable. Les liquidités obtenues par des refinancements hypothécaires et des lignes de crédit garanties par l'avoir foncier ont atteint 64 milliards en 2010, soit huit fois plus qu'en 2001. Environ la moitié de cet argent a servi à financer des dépenses de consommation immédiate ou à rembourser des emprunts à taux plus élevé. Bien que le deuxième usage semble plus raisonnable, il cache une réalité moins glorieuse: la plupart de ces emprunts avaient servi, eux aussi, à financer de la consommation.

L'appellation «bonne dette» qui a longtemps été accolée au crédit hypothécaire (par opposition aux différentes formes de crédit à la consommation) est de moins en moins juste.

Les propriétaires qui grugent leur patrimoine pour se payer des voyages ou de somptueuses rénovations ne sont pas les seuls concernés. Ces liquidités prélevées sur l'avoir foncier ont financé environ 3% de la consommation canadienne au cours des dernières années. C'est peu? C'est tout de même trois fois plus qu'il y a 10 ans. Et ça ne pourra pas augmenter indéfiniment.

Cette consommation aux pieds d'argile fournira, selon les prévisions de la Banque, plus de la moitié de la croissance économique des deux prochaines années. C'est préoccupant. Espérons que les hausses de taux d'intérêt ne paralyseront pas les consommateurs. Et que si elles les convainquent enfin de réduire leurs dettes, ils procèdent graduellement. Comme ils auraient dû le faire depuis longtemps.

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