Le Québec, comme la plupart des provinces, a dénoncé la manière cavalière dont le gouvernement Harper a réglé la question des transferts en santé. Maintenant que c'est fait, peut-on passer aux choses sérieuses?

Le ministre fédéral des Finances a pris ses homologues provinciaux au dépourvu la semaine dernière. Le Transfert canadien en matière de santé continuera à augmenter de 6% par an jusqu'en 2017. Après, la progression des fonds sera liée à celle de l'économie, sans toutefois descendre sous les 3%.

La tactique, il faut le reconnaître, est habile. À part couper court à la négociation, on ne peut pas reprocher grand-chose à la formule du gouvernement Harper. Elle est honnête, réaliste et incite les provinces à faire enfin le ménage dans leur cour. C'est en tout cas ce que nous attendons d'elles.

Ottawa s'était engagé, en 2004, à augmenter les transferts de 6% durant 10 ans. Un réinvestissement qui devait servir à réduire l'attente. De fait, elle a diminué pour certaines interventions. La situation générale, toutefois, s'est bien peu améliorée. Les résultats ne sont pas à la hauteur des sommes englouties. Et le fédéral n'a pas un mot à dire, puisque la santé est de compétence provinciale. Une limite dont le gouvernement Harper a eu la sagesse de tenir compte. De toute façon, le transfert fédéral fournit moins du quart du budget des provinces en santé. Ce n'est pas à Ottawa de leur dire comment le gérer.

Les provinces ont compétence en santé? Qu'elles le prouvent. Pas seulement en exerçant leur pouvoir de dépenser, mais en le faisant de façon intelligente. La transition de 2017 est l'occasion ou jamais de démontrer leur compétence.

Couper la hausse annuelle de moitié sur-le-champ aurait été ingérable, on en convient. Les dépenses en santé des provinces et territoires ont augmenté en moyenne de plus 7% par an depuis 10 ans. Limiter la croissance des transferts à 3% dès 2012 les aurait forcées à couper au plus pressé, avec des effets désastreux. Heureusement, ils ont plus de quatre ans devant eux. Un délai dont, espérons-le, ils sauront tirer profit.

Le Québec s'était déjà engagé à limiter la hausse de ses coûts de santé à 5% par an. C'est un début, mais il faut pousser la réflexion. On n'a aucun mérite à contrôler les coûts en réduisant les services. En santé, c'est même une très mauvaise idée, comme on a pu le voir dans les années 90.

C'est le reste qui doit être repensé. La répartition des tâches entre les divers professionnels de la santé. La quantité de paperasse et de gestionnaires. Le regroupement des achats, la négociation de meilleurs prix. Tous les racoins du système qu'on a évité de remettre en question pour ne bousculer personne. C'est un luxe que nous n'avons plus.

Si la nouvelle formule de transferts fédéraux fait mal aux patients, ce ne sera pas la faute d'Ottawa, mais des provinces, qui n'auront pas exercé leur compétence.

Qu'en pensez-vous? Exprimez votre opinion