Les billets d'avion annoncés à des tarifs inférieurs aux prix réels seront bientôt chose du passé, promet Ottawa. Un progrès attendu qu'il faudra veiller à ne pas dénaturer.

Attiré par un vol Montréal-Paris à prix dérisoire, vous constatez que le billet coûte en réalité beaucoup plus cher à cause de toutes les surcharges ajoutées à la facture. Le procédé a beau être connu, il est toujours aussi frustrant.

La pratique est à la limite de la publicité trompeuse puisque les prix annoncés ne sont pas disponibles. Ottawa, qui régit le transport aérien, a enfin décidé de s'en mêler. La réglementation exigera que le transporteur inclue tous les coûts reliés à la fourniture des services dans ses prix, a annoncé le ministre d'État aux Transports vendredi.

Cette réglementation, qui reste à écrire, ne sera pas en vigueur avant un an. La vigilance s'impose d'ici là.

La pub devra indiquer «tous les frais, droits et taxes liées au service et perçus par le transporteur pour le compte d'autres personnes», indique en effet le communiqué fédéral. Une formulation qui permettrait encore d'afficher un tarif tronqué, et d'ajouter les autres frais plus bas en petits caractères. Mauvaise idée! Les consommateurs veulent voir le vrai prix, c'est-à-dire celui qu'ils auront à payer. Ottawa devrait s'inspirer du modèle québécois.

Depuis juin 2010, notre Loi sur la protection du consommateur exige des prix «tout inclus». Seules les taxes à la consommation (TVQ, TPS) et les droits pour la sécurité des passagers peuvent être facturés en sus. Tous les autres frais (amélioration portuaire, carburant, taxes d'aéroport, etc.) doivent être inclus dans le total affiché. Après avoir été interpelés par l'Office de la protection du consommateur (OPC), Air Transat, WestJet et Porter ont ajusté leurs pubs diffusées ici. Une nette amélioration, considère l'OPC, même s'il lui reste encore des vérifications à faire sur les sites web.

Air Canada, de son côté, affirme que seul Ottawa a compétence sur le transport aérien. Pour l'OPC, il s'agit plutôt d'une question de contrat entre entreprises et consommateurs. On verra ce qu'en dira la cour, où l'OPC a déposé 17 chefs d'accusation ce printemps. Une demande d'autoriser un recours collectif, pilotée par l'Union des consommateurs, doit aussi être entendue le mois prochain.

L'intervention fédérale n'en est pas moins pertinente. Cette réglementation donnera sans doute des résultats plus rapidement que les tribunaux, et s'appliquera dans tout le pays.

Signe encourageant, le Conseil national des lignes aériennes du Canada accueille favorablement l'annonce d'Ottawa. Il faudra toutefois surveiller les positions défendues par ses membres (Air Canada, Air Transat, WestJet et Jazz Aviation) lors des consultations. La nouvelle réglementation devra exiger des prix nets et sans surprise, il n'y a plus de compromis à faire là-dessus.

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