Pas étonnant que les parents aient tant de mal à trouver un service de garde à 7$ par jour. La dernière attribution de 18 000 places s'est faite n'importe comment, montre le rapport du Vérificateur général du Québec publié hier.

Délais ridicules, critères non respectés ou inexistants, subjectivité, iniquité... la création des places à contribution réduite annoncées au printemps 2008 s'est faite dans le plus grand désordre, au détriment des enfants qui en avaient le plus besoin.

On voulait répondre rapidement à la demande, plaide l'actuelle ministre de la Famille, Yolande James. On a fait exactement le contraire. Trois ans plus tard, près du quart des places accordées n'existent toujours pas. Prévisible: 28% de ces projets ne satisfaisaient pas aux critères de faisabilité.

On a été encore moins regardant sur la qualité. Les trois quarts des projets retenus ne passaient pas l'évaluation. Michelle Courchesne, alors responsable de la Famille, a fait grand usage de sa discrétion ministérielle, octroyant une place sur cinq à des dossiers qui n'avaient pas été recommandés par ses fonctionnaires.

Dans le lot, on trouve une dizaine de projets de garderies privées dont les promoteurs ont contribué aux caisses du Parti libéral. Ce qui fait dire au PQ et l'ADQ que le gouvernement Charest a favorisé des donateurs.

Ces allégations restent à prouver. La vérification ne portait pas là-dessus. Cela dit, on aurait voulu légitimer le favoritisme qu'on ne s'y serait pas pris autrement. L'entreprise a manqué de rigueur du début à la fin. Sous prétexte de faire vite, on a fait n'importe quoi.

Un mois. C'est tout le temps qui a été alloué pour soumissionner sur les 9000 premières places. Et tant pis pour ceux qui attendaient le second appel d'offres: il n'est jamais venu. Québec a tout accordé à la première vague de candidats.

Le ministère, lui, n'a eu que cinq semaines pour faire ses recommandations. Il n'a donc pas fourni de grilles aux directions régionales, qui ont analysé les dossiers de façon très inégale. Pis: au final, pratiquement le tiers des projets retenus se trouvent dans des municipalités où il y avait un surplus de places. Des places dont d'autres, ailleurs, ont été privés.

On peut aussi penser que d'autres clientèles ayant des besoins particuliers (poupons, handicapés, milieux défavorisés, horaires atypiques, etc.) ont été lésées. Le ministère n'est pas en mesure de démontrer qu'il leur bien a accordé les 10 000 places promises. D'autres en ont bénéficié. Mais les enfants dont les besoins étaient les plus pressants ont été oubliés.

Le ministère de la Famille a accepté toutes les recommandations et apporté plusieurs correctifs. Les 15 000 prochaines places seront mieux choisies. Encore heureux. C'est ce qui aurait dû être fait depuis le début, si le gouvernement Charest avait donné à ce programme l'importance qu'il prétend lui accorder.

Qu'en pensez-vous? Exprimez votre opinion