Les dépenses de santé devraient augmenter de 4% au Canada cette année, la plus faible hausse en 15 ans, a annoncé hier l'Institut canadien d'information sur la santé (ICIS). Mission accomplie? Non, car nous n'en avons pas pour notre argent.

L'augmentation des dépenses a été deux fois plus rapide entre 1998 et 2008 (7,4% par an en moyenne). Ce qui, comme chacun peut en témoigner, n'a pas entraîné une amélioration équivalente de l'accès aux soins. Loin de là.

Près de la moitié des dépenses du Québec vont déjà à la santé. Une proportion qu'on ne peut augmenter sans nuire à d'autres services publics, comme l'éducation. Mais comme le montrent les chiffres de l'ICIS, la hausse modérée de cette année est l'exception plutôt que la règle. Les salaires et honoraires des professionnels de la santé, les coûts des médicaments et l'utilisation croissante de services exercent des pressions considérables sur les budgets. L'argent qui peut être ajouté dans le système étant limité, il faut trouver autre chose. Quoi?

C'est la question à laquelle a tenté de répondre le colloque sur la santé organisé conjointement par l'Institut du Nouveau Monde et le centre de recherche interuniversitaire CIRANO. Les expériences locales et nationales citées par les conférenciers au cours des derniers jours sont encourageantes: oui, il y a moyen de faire mieux. À condition de faire autrement. Une nécessité qui, hélas, a bien peu de prise sur nos systèmes, ici comme dans le reste du Canada. Il n'y a qu'à voir la pile de rapports produits sur la santé au cours des dernières décennies. Ni la justesse de leurs constats, ni la pertinence de leurs recommandations ne les ont sauvés de la poussière.

Une énième commission pourrait refaire l'exercice demain, elle arriverait à des conclusions semblables. Parce que rien, ou presque, n'a changé. On crée des groupes de médecine familiale, mais on restreint les services à domicile. On trouve qu'il n'y a pas assez de médecins et pourtant, on continue à leur confier des tâches que d'autres professionnels pourraient faire. On obsède sur le respect des budgets, mais on n'utilise pas son pouvoir de négociation au maximum dans les achats. Où est la logique? Où est le souci de tirer le maximum de nos ressources limitées?

On dispose aujourd'hui de moyens très efficaces pour colliger et analyser de l'information sur les soins de santé. On peut déterminer ce qui fonctionne, ou pas, et mesurer l'impact de nouvelles mesures de façon très précise. La qualité et la disponibilité rapide de ces données sont indispensables aux changements, ont souligné plusieurs conférenciers.

Le Québec a de grands progrès à faire, dans la collecte comme dans la transparence de ce type d'information. Mais ce qui manque plus que tout, dans notre système de santé comme dans la population, c'est la volonté. Celle de se poser les bonnes questions, de trouver les réponses et d'agir les conséquence. Surtout d'agir en conséquence.

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