Le plan de relance présenté par Barack Obama hier soir ne manque pas de bonnes idées, ni de bons arguments. Assez pour sortir les États-Unis du marasme? Rien n'est moins sûr. Parce que, soyons honnête, le pouvoir réel des élus en matière de création d'emploi est assez limité.

Le président américain l'a reconnu d'emblée. «La reprise ne partira pas de Washington, mais de nos entreprises et de nos travailleurs.» Compte tenu de cette donnée de base, le projet de loi pour l'emploi annoncé hier est un effort honorable. Il ne fera peut-être pas de miracle, mais au moins il propose de soutenir des initiatives concrètes dont les effets se feront sentir rapidement.

De l'argent pour les travaux d'infrastructure, notamment pour rajeunir les écoles, et pour réembaucher des enseignants. Des crédits d'impôt pour les PME qui créent des emplois ou augmentent les salaires, et pour les entreprises qui embauchent des vétérans ou des chômeurs de longue durée. Des taxes sur masse salariale réduite de moitié pour les PME. Des réductions d'impôt sur les revenus d'emploi et des prestations de chômage prolongées d'un an.

Est-ce que ces mesures, éventées pour la plupart avant le discours, valent les quelque 400 milliards qui seront nécessaires à leur mise en oeuvre? Hormis les travaux publics, la plupart de ces dépenses auront un effet multiplicateur plutôt restreint. Car s'il est vrai qu'une réduction d'impôt sur le revenu laisse plus d'argent aux travailleurs, tous ne dépenseront pas cette somme. Plusieurs l'économiseront ou l'utiliseront pour réduire leurs dettes. Un choix louable, mais qui ne fera pas sonner les tiroirs caisse des commerces du coin.

Malgré la modestie du rendement escompté, on voit mal comment Washington pourrait, dans l'état actuel des choses, faire l'économie d'une telle intervention. Avec un taux de chômage bloqué à 9,1%, une création d'emploi nulle le mois dernier et des perspectives de croissance exsangues, la situation ne s'améliorera pas d'elle-même à court terme. Remettre un peu d'huile dans la machine n'augmentera peut-être pas beaucoup sa vitesse de croisière, mais ça réduira au moins les risques qu'elle fige complètement. Et, avec un peu de chance, ça convaincra les entreprises de mettre enfin l'épaule à la roue.

«Adoptez cette loi», a martelé Obama plus d'une dizaine de fois hier soir. Si les publicitaires sont depuis longtemps convaincus des vertus de la répétition, il faudra bien davantage pour rallier les républicains.

Le président a fait plutôt du bon boulot, les mettant à plusieurs reprises face à leurs contradictions, avec une ironie grinçante qui contrastait heureusement avec son ton résigné des derniers mois. Mais depuis les élections de mi-mandat, l'éloquence et les arguments ne pèsent plus rien dans la balance. Seule compte l'élection présidentielle de 2012.

Une sérieuse limite au bon sens économique.

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