Ennuagement subit et faibles éclaircies en vue, a annoncé la Banque du Canada dans son bulletin économique d'hier. Un contraste frappant avec le précédent communiqué, émis il y a pourtant moins de deux mois.

Crise de la dette européenne, croissance mondiale, volatilité des marchés, récession américaine, il n'y a pas grand-chose qui, dans la lorgnette de la Banque du Canada, ne se soit pas détérioré au cours des dernières semaines. Une lecture prévisible, tout comme la décision de maintenir le taux cible du financement à un jour. «La nécessité de réduire la détente monétaire a diminué», conclut la Banque, dans le même paragraphe où, le 19 juillet dernier, elle annonçait clairement son intention de réduire la détente monétaire.

La hausse de taux qui paraissait acquise est donc reportée sine die. Le gouverneur Mark Carney a-t-il été échaudé? Sa conclusion a retrouvé le ton parfaitement ambigu auquel il nous a habitués, ne laissant filtrer aucun indice sur la direction que pourrait prendre la Banque. On ne ferme même pas la porte à une éventuelle baisse - on aura compris qu'il faudrait des conditions autrement plus dramatiques pour en arriver là.

On est, heureusement, encore loin du compte. L'institution s'attend toujours à une reprise de la croissance durant la seconde moitié de 2011, avec moins d'enthousiasme toutefois. Les investissements des entreprises et les dépenses des ménages qualifiés de»robustes», «vigoureux», «fermes « et «solides» en juillet seront modérés par la baisse des richesses et des revenus, prévoit-on désormais.

Ces perspectives, quoiqu'assombries, demeurent plus encourageantes que celles de la majeure partie de l'Europe et des États-Unis. La comparaison, cependant, ne console qu'à moitié, car le ralentissement de la demande mondiale et la force du dollar canadien nuisent sérieusement à nos exportations.

Cela dit, le Canada ne devrait pas se contenter d'attendre que ses clients reprennent du poil de la bête. Son recul au classement du Forum économique mondial rappelle que les entreprises ont du travail à faire pour devenir plus concurrentielles.

Malgré une note stable, la position canadienne dans ce palmarès de la compétitivité se détériore depuis trois ans. On ne fait même plus partie du top 10, a-t-on appris hier. Car d'autres, comme le Royaume-Uni ou les Pays-Bas, se sont améliorés. Les entreprises canadiennes ont intérêt à les imiter si elles veulent retrouver leurs marchés à la reprise. Les points à travailler ne surprendront personne: développer des produits et services à plus grande valeur ajoutée, et mettre plus d'argent en recherche et développement.

Qu'en pensez-vous? Exprimez votre opinion