Le ministère des Finances a accepté de reprendre son fonctionnaire Jean Renaud, qui avait été mêlé à l'affaire Norbourg. Le dossier n'est pas clos pour autant.

Jean Renaud est cet employé du Ministère qui, durant son congé sans solde, a travaillé comme consultant pour la firme de Vincent Lacroix. Il était l'un des cinq coaccusés qui ont dû avoir deux procès successifs - le premier, on s'en souvient, avait avorté parce que le jury n'avait pas réussi à rendre de verdict dans cette cause trop complexe.

Il a été acquitté, le 7 mars dernier, des 51 chefs d'accusation de fraude et de fabrication de faux documents qui pesaient contre lui. De plus, un autre tribunal a rendu une décision favorable à son endroit il y a deux semaines. Un arbitre a annulé son congédiement et ordonné à son employeur de le réintégrer en lui versant tout le salaire et les avantages qu'il aurait dû toucher depuis trois ans. Au Ministère, toutefois, on se demande encore quelles fonctions lui confier. Ce ne sera pas simple.

Les Finances ne pourront pas le prêter discrètement, comme ils l'ont fait avec l'Organisation de l'aviation civile internationale (OACI) lors de son précédent retour, en 2007. L'organisme n'était pas au courant de son dossier, mais plus personne n'aura cette belle candeur. Car la Cour n'a réglé qu'une partie des soupçons qui pesaient contre Jean Renaud.

Vincent Lacroix, on s'en souvient aussi, avait déclaré sous serment lui avoir donné environ 100 000$, lorsqu'il était fonctionnaire, pour lui avoir permis d'obtenir une subvention de presque 1 million de dollars. Jean Renaud a toujours nié ces allégations. Et les Finances assurent ne pas avoir trouvé d'anomalie ou d'irrégularité dans l'attribution de cette subvention.

Ça ne règle en rien le fond de la question: comment se fait-il qu'un fonctionnaire puisse, durant son congé sans solde, faire du travail pour une société qui a bénéficié d'un programme gouvernemental pour lequel il analysait les demandes? Si ce n'est pas une apparence de conflit d'intérêts, c'est que le mot apparence ne veut plus rien dire.

Il y a lieu de resserrer les conditions d'emploi de la fonction publique. Ç'aurait évité des maux de tête au ministère des Finances. Car les accusations criminelles, a dit l'arbitre, ne justifiaient pas un congédiement. Il aurait fallu une faute professionnelle. Les lucratifs contrats que Jean Renaud a réalisés pour Norbourg tout en gardant son lien d'emploi avec les Finances devraient entrer dans cette catégorie. Québec doit y voir, car le potentiel d'abus est immense.

Jean Renaud devra d'ailleurs bientôt faire face à d'autres accusations criminelles, cette fois de Revenu Québec, liées à plus de 700 000$ en demandes de crédits d'impôt frauduleuses qu'il aurait faites avec son frère Steve. La date de son procès devrait être fixée le mois prochain.

akrol@lapresse.ca

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