Ceux qui s'offusquent du verdict rendu hier contre Guy Turcotte devraient plutôt s'attarder au message de la mère des victimes, Isabelle Gaston, à l'issue du procès.    

Ceux qui s'offusquent du verdict rendu hier contre Guy Turcotte devraient plutôt s'attarder au message de la mère des victimes, Isabelle Gaston, à l'issue du procès.    

«Non responsabilité criminelle pour cause de troubles mentaux.» Le verdict a été accueilli en silence au tribunal, mais à l'extérieur du palais de justice de Saint-Jérôme, la réaction ne s'est pas fait attendre. Beaucoup de Québécois sont furieux que l'ex-cardiologue s'en tire sans peine de prison, avec une chance d'être libéré sous peu. Et de dénoncer la justice, coupable, selon eux, de cette décision inacceptable. Un instant.

De quel droit peut-on affirmer que les 11 jurés, qui ont dû réécouter des témoignages  et délibérer durant plus de cinq jours pour en arriver à une décision unanime, ont rendu le mauvais verdict? Doit-on conclure qu'ils n'ont pas compris la gravité des actes? Allons donc. Ces sept femmes et quatre hommes sont des citoyens comme nous. Peut-être plus courageux que certains d'entre nous, qui aurions tout fait pour se faire excuser de ce jury. Mais certainement pas plus insensibles.

Avant d'insinuer qu'ils ont pris la mauvaise décision, il faut se poser la question. Qu'aurait-on fait dans les mêmes conditions? Lié par la consigne habituelle au jury (décider sur la preuve présentée au procès et non sur ses émotions personnelles), aurait-on vu les choses autrement? Aurait-on pu convaincre 10 autres jurés persuadés, de toute aussi bonne foi, du contraire?

Et avant de prétendre qu'il s'agit d'un mauvais verdict, plusieurs éléments sont à considérer.

D'abord, la justice due aux victimes. Insulte-t-on la mémoire d'Olivier et d'Anne-Sophie en concluant que leur père n'était pas lui-même lorsqu'il les poignardait à mort? Minimise-t-on le tort qui leur a été fait? Non.

Ensuite, l'exemple. Crée-t-on un précédent dangereux? Il est clair que ce verdict ne constitue en rien une licence pour tuer ou violenter ses enfants. L'hypothèse d'un parent préméditant l'assassinat brutal de ses enfants avec le dessein de plaider la folie passagère est tout aussi délirante. À supposer qu'un tel monstre existe, il aurait fort à faire pour convaincre les experts.

Finalement, la punition. C'est sans contredit la conséquence la plus frustrante de ce verdict. Jugé criminellement non responsable au moment des faits, le coupable pourrait bientôt être trouvé assez inoffensif pour recevoir son congé des psychiatres. Ce qui ne l'innocente pas, ni ne le blanchit aux yeux de la société. Dans le regard des autres, Turcotte sera toujours un monstre sans grandes circonstances atténuantes.

Si quelqu'un aurait pu dénoncer ce verdict, c'est bien la mère des enfants. C'est un choc qui ne facilitera pas sa route, a-t-elle admis. Ce qui ne l'a pas empêché de livrer un message éblouissant de dignité. «Je m'étais dit que je ne baserais pas mon bonheur sur l'issue du procès», a expliqué Isabelle Gaston. Si cette femme trouve la force de rejeter les idées de vengeance et de passer à autre chose, comment pourrions-nous ne pas en faire autant?

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