Ottawa a pris la bonne décision en acceptant de financer des essais cliniques sur le traitement expérimental de la sclérose en plaques. Mais au-delà de la technique du Dr Zamboni, c'est tout le processus qu'on devrait documenter. Ce ne sera pas le dernier traitement controversé pour lequel les malades réclameront des fonds publics.

Ottawa a pris la bonne décision en acceptant de financer des essais cliniques sur le traitement expérimental de la sclérose en plaques. Mais au-delà de la technique du Dr Zamboni, c'est tout le processus qu'on devrait documenter. Ce ne sera pas le dernier traitement controversé pour lequel les malades réclameront des fonds publics.

Le feu vert donné la semaine dernière a reçu le même accueil que les travaux du chirurgien italien: enthousiaste de la part des malades, prudent dans la communauté médicale. Apparemment, les experts ont trouvé, dans des études encore non publiées, matière à pousser l'investigation. Cependant, il est clair que les pressions publiques ont pesé lourd dans la balance.

Le lien entre la mauvaise irrigation sanguine du cerveau et les symptômes de la sclérose en plaques est en effet bien fragile. Ottawa aurait également pu attendre avant de commander des essais cliniques sur les théories de Paolo Zamboni.

Des patients qui ont été se faire dilater les veines du cou à l'étranger ont vu leur état s'améliorer considérablement. Mais dans plusieurs cas, les veines ont rebloqué, ou les problèmes sont revenus. Certains malades n'ont tiré aucun bénéfice de l'intervention, un Ontarien est même décédé.

Il y a une énorme différence entre la décision individuelle d'un malade et celle d'un système public de santé. Que des patients prennent le risque d'une procédure incertaine, c'est compréhensible. Mais on attend de l'État qu'il évalue la situation plus froidement. Car financer un traitement, c'est l'endosser. Ce qui, dans l'état actuel des connaissances sur la méthode Zamboni, serait inacceptable.

Tant d'aspects de cette intervention restent à définir qu'on hésite à la qualifier de traitement. Il n'y a pas de consensus sur la façon optimale de la pratiquer, ni de déterminer quels patients en profiteraient et lesquels n'en retireront aucun bénéfice. On est encore aux tous débuts de l'expérimentation.

Plusieurs, dans la communauté scientifique, trouvaient même la piste trop ténue pour l'explorer. Nous ne sommes pas de cet avis. Le Canada est l'un des pays où la sclérose en plaques est la plus présente. Il est normal qu'on s'intéresse à une intervention qui semble aider certains malades. Un développement positif aurait un impact significatif sur la santé de la population, et sur l'image de la recherche médicale canadienne. Évidemment, il se peut qu'on aboutisse dans un cul-de-sac. Mais ce risque-là est inhérent à la recherche. Ça ne peut pas être le seul critère pour déterminer si un filon mérite ou non d'être creusé.

Il est donc urgent qu'Ottawa se dote de paramètres clairs. Pharmaceutiques ou chirurgicaux, les traitements qui suscitent de tels dilemmes sont appelés à se multiplier. Les chercheurs établis ne peuvent pas avoir de veto sur le choix des recherches à financer, il faut aussi écouter les patients. Mais les décisions ne devraient pas non plus dépendre de la capacité de ceux-ci à émouvoir. L'équilibre reste à trouver.

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