Une loi d'exception, comme son nom l'indique, vise à régler une situation exceptionnelle. Ce qui était loin d'être le cas lundi, une quinzaine d'heures à peine après que les agents des comptoirs d'enregistrement et des centres d'appel d'Air Canada se soient mis en grève. Les retards dans les aéroports étaient à peine perceptibles. Rien, donc, ne justifiait la menace d'une loi spéciale dans les 48 heures.

Une loi d'exception, comme son nom l'indique, vise à régler une situation exceptionnelle. Ce qui était loin d'être le cas lundi, une quinzaine d'heures à peine après que les agents des comptoirs d'enregistrement et des centres d'appel d'Air Canada se soient mis en grève. Les retards dans les aéroports étaient à peine perceptibles. Rien, donc, ne justifiait la menace d'une loi spéciale dans les 48 heures.

Avec plus de 1700 cadres, soit presque un employé sur deux remplacé, la seule chose qui paraissait exceptionnelle lundi, c'est combien le service d'Air Canada était peu perturbé par ce débrayage. Il faut dire que la direction n'a pas ménagé ses efforts pour informer et diriger les voyageurs. Le compte Twitter de l'entreprise a même offert de l'aide individuelle à plusieurs d'entre eux. On aimerait que le transporteur communique aussi efficacement avec sa clientèle en temps normal. Et surtout, on cherche l'urgence d'une intervention gouvernementale.

Laissons les théories du complot au très sanguin président des TCA, Ken Lewenza, qui parlait hier d'une «vraie collusion entre le gouvernement conservateur et Air Canada pour dépouiller les travailleurs de leurs droits». Cette précipitation demeure néanmoins injustifiable à nos yeux.

La ministre du Travail Lisa Raitt a évoqué les effets de l'arrêt de travail «sur la fragile reprise économique et sur les Canadiens». Les Canadiens, on l'a vu, ont moins souffert que lors d'une tempête de neige.

L'économie? Bien qu'Air Canada soit la seule à desservir certaines régions, il aurait fallu plus qu'une quinzaine d'heures pour les affecter sérieusement. D'autant que les vols sont maintenus. Ailleurs, d'autres services, aériens ou non, auraient pu prendre le relai. Plusieurs étaient sans doute déjà prêts à le faire, et à en tirer profit. Comment le gouvernement Harper peut-il faire si peu de cas du potentiel économique de ces concurrents - dont WestJet, de Calgary?

La ministre Raitt a affirmé qu'après cinq à sept jours de grève, on aurait commencé à voir des impacts sur l'économie et des inconvénients importants pour les voyageurs. Pourquoi ne pas avoir laissé le public en juger? Il aurait toujours été temps de réagir. Son appel à une solution «adoptée de plein gré» n'a aucune crédibilité. Négocier sous la menace d'une intervention dans les 48 heures, ça s'appelle «avec un fusil sur la tempe», pas «de plein gré».

Si la ministre s'exécute aujourd'hui, les parties auront encore quelques jours pour s'entendre. À défaut de quoi le projet de loi sera adopté sous le bâillon la semaine prochaine.

Le recours hâtif à la loi d'exception deviendra-t-il la règle? Ce sera à surveiller. Pour l'instant, on est plutôt frappé de la différence de traitement avec Postes Canada. La ministre a attendu qu'un lock-out paralyse complètement la livraison du courrier pour brandir sa menace... après 12 jours de grèves tournantes ayant perturbé le service bien davantage que chez Air Canada!

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