On espérait une direction claire, on a reçu de beaux principes et deux pages de questions. La future politique bioalimentaire évoquée cette semaine par le ministre de l'Agriculture est un pas dans la bonne direction. Hélas, ce dossier chemine avec une telle lenteur qu'on se demande quand il arrivera à destination.

On espérait une direction claire, on a reçu de beaux principes et deux pages de questions. La future politique bioalimentaire évoquée cette semaine par le ministre de l'Agriculture est un pas dans la bonne direction. Hélas, ce dossier chemine avec une telle lenteur qu'on se demande quand il arrivera à destination.

Le livre vert, que le ministre décrit lui-même comme un document d'orientation, n'est qu'une esquisse de cette politique promise depuis des années. Pour en voir la forme concrète, il faudra attendre le projet de loi-cadre. Mais avant d'en arriver là, il y aura les mémoires à la Commission de l'agriculture, à l'automne. Une autre consultation? Eh oui. Après la commission Pronovost, les rapports Saint-Pierre et Ouimet, et quelques sondages du Ministère, on remet ça. Au train où vont les choses, la «vision du secteur à l'horizon de 2030» n'aura plus rien de visionnaire tant on sera proche de cette date.

Le fait qu'en six ans, deux ministres de l'Agriculture aient dû être remplacés pour des raisons de santé n'a évidemment pas aidé. Pierre Corbeil a repris le projet en février dernier. A-t-il de la difficulté à se l'approprier? Son livre vert embrasse large et propose des orientations valables, mais il y manque la clarté d'intentions essentielle à un virage majeur.

Même pas moyen de savoir où Québec loge par rapport au monopole syndical de l'UPA. «Devrait-on offrir l'occasion aux producteurs agricoles de s'exprimer sur le maintien de l'accréditation d'une seule organisation?», se borne-t-on à demander à la fin du document. Une question sur la question ? Hum, on a déjà vu plus efficace.

Le «citoyen» et le «consommateur» apparaissent une quinzaine de fois dans le document. Deux fois plus souvent que le «producteur» ou «agriculteur». C'est dire à quel point la perspective a changé. Car si, comme l'a souligné à l'envi le ministre, les Québécois prennent presque 24 millions de repas par jour, le monde agricole, lui, ne représente même plus 6% de la population des campagnes.

Il est donc heureux qu'on nous annonce enfin une politique bioalimentaire, qui tienne compte de toutes les facettes de cette activité, et non une autre politique industrielle pour l'agriculture comme on en a eue dans le passé. Il faudrait toutefois éviter de tomber dans l'excès contraire.

L'agriculture, les pêches et la transformation qui se pratiquent ici ne servent pas qu'à rassasier les Québécois. Plus de la moitié de la production est vendue dans le reste du Canada ou à l'étranger. Dans bien des cas, le client est donc un gros acheteur de l'extérieur. Quant au «consommateur», ça peut aussi être un animal nourri de grain local. Mieux vaudrait parler partout de marchés.

N'oublions pas que l'agroalimentaire est une activité économique. Ce qui suppose des responsabilités envers le milieu, mais aussi une vision d'affaires et des choix conséquents. Au-delà des orientations, il faut des mesures concrètes en prise sur la réalité.

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