De tous les sujets au programme du G8 qui s'ouvre aujourd'hui à Deauville, la dette de la Grèce est celui qui pèse le plus sur les marchés. Un problème au moins aussi politique qu'économique.

De tous les sujets au programme du G8 qui s'ouvre aujourd'hui à Deauville, la dette de la Grèce est celui qui pèse le plus sur les marchés. Un problème au moins aussi politique qu'économique.

Un rééchelonnement de la dette grecque serait-il aussi dommageable qu'un défaut de paiement? Pendant que les autorités financières de l'Europe argumentent sur les probabilités et périls d'un tel scénario, les populations s'impatientent. Pas tant de la nervosité des Bourses et du recul de l'euro qui obsèdent les commentateurs économiques, que des sacrifices dont ils ne voient pas le bout. Ce ras-le-bol de l'austérité, alors que la Grèce doit imposer de nouvelles réformes et que d'autres pays tentent de garder le cap, complique sérieusement la tâche des gouvernants.

On l'a vu en Espagne, où le parti socialiste au pouvoir vient de subir une cuisante défaite aux élections régionales et municipales. On le vit en Grèce, où les partis de l'opposition bloquent les mesures additionnelles mises de l'avant par le premier ministre Papandréou. Et on l'a compris en voyant la rapidité avec laquelle Athènes a écarté l'idée d'un référendum sur le sujet. Les chances que les Grecs entérinent aux urnes ce qu'ils ont si violemment combattu dans la rue l'an dernier sont en effet assez minces!

Les politiciens ne peuvent s'en prendre qu'à eux-mêmes. Comment peuvent-ils espérer, après avoir nourri des attentes irréalistes durant des décennies, se retourner sur un 10 centimes d'euro et faire accepter que les règles du jeu ont changé? Surtout lorsque les partis de l'opposition et les syndicats continuent à prétendre que le retour à la réalité peut être évité.

Et encore, si on demandait seulement aux Espagnols, aux Grecs ou aux Portugais de se serrer la ceinture. Mais avec les taux de chômage qui perdurent, en particulier chez les jeunes, plusieurs n'auront bientôt plus rien à porter avec ladite ceinture. Exiger de nouveaux efforts alors que les premiers paraissent n'avoir rien donné, c'est beaucoup demander dans ce contexte. Faire confiance à des élus incapables de relancer le marché de l'emploi aussi. Particulièrement lorsque leur intégrité et leur sens de l'équité prêtent flanc à la critique.

Oui, la situation est inquiétante. Si la Grèce s'avère incapable de faire face à ses obligations, les risques de réactions en chaîne dans les banques et les économies européennes les plus fragiles sont bien réels. Mais de ça, les dirigeants réunis dans la chic station balnéaire de Deauville sont bien conscients. Le sont-ils autant du déficit de crédibilité de leur mantra - cette austérité qu'ils réclament sans la pratiquer? On en doute très fort.

Ils devraient pourtant s'en préoccuper. Si la Grèce, l'Espagne ou d'autres économies en difficulté n'arrivent pas à convaincre leurs populations de l'urgence de réduire leur endettement, c'est toute l'Europe qui risque de se retrouver plongée dans une autre crise.

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