L'attrait patriotique du bien nommé groupe Maple ne fait aucun doute. L'approbation du Bureau de la concurrence, par contre, est loin d'être acquise

La contre-offre annoncée cette semaine sourit au ministre des Finances ontarien, qui désespérait de voir le groupe TMX tomber sous la coupe de la Bourse de Londres. Elle répond aussi davantage aux préoccupations québécoises sur l'avenir de l'industrie des dérivés.

Le Bureau de la concurrence ne la verra peut-être pas d'un aussi bon oeil. Maple a beau dire que son offre sur TMX n'est pas conditionnelle à l'intégration du système de négociation parallèle Alpha et des services de compensation de CDS, l'absence de ces composantes rendrait la transaction beaucoup moins intéressante pour les caisses de retraite. On n'imagine pas non plus les banques, fondatrices d'Alpha, actionnaires de deux plateformes concurrentes.

«Alpha a été établie afin de mettre en place une concurrence crédible et afin d'introduire des changements dans un environnement étouffé par des comportements monopolistiques», plaidait la société dans sa demande pour devenir une Bourse à part entière, pas plus tard que le mois dernier. Le régulateur aura beau jeu de le lui remettre sur le nez. Adieu Bourse, concurrence, meilleurs coûts: l'intégration d'Alpha à TMX concentrera plus de 70% du volume d'actions négociées au pays.

Au moins, avec les plateformes Chi-X Canada et Pure Trading, le marché demeure plus concurrentiel qu'il y a année, lorsque la domination du TSX était totale. L'absorption de CDS, par contre, sera plus difficile à vendre.

L'intérêt d'intégrer la compensation ne fait aucun doute pour Maple, qui suit l'exemple d'autres parquets, dont la Deutsche Börse. Les autorités risquent toutefois de ne pas partager cet enthousiasme. Surtout si des clients de CDS (qui en compte une centaine) protestent.

Maple ne serait pas un parfait inconnu puisque les banques, qui sont déjà actionnaires de CDS, en contrôleront 25%. Sauf que CDS a constamment réduit ses tarifs au cours des dernières années. Le prix d'une opération boursière a ainsi fondu de 87% en cinq ans. Le nouveau propriétaire en quête de rentabilité, par contre, pourrait être tenté de garder les économies pour lui à l'avenir.

Aussi canadian et alléchante soit-elle pour les actionnaires, l'offre de Maple soulève des questions sur ce qu'il en coûtera d'être inscrit en Bourse ici. C'est simple: si elle avait été présentée l'an dernier, avant qu'aucun prétendant ne se déclare pour TMX, elle aurait été dénoncée comme une tentative des banques de réduire la concurrence. Mais les temps ont changé. La proposition doit être étudiée à son mérite.

Pour ça, il faudra voir l'offre formelle. La Bourse de Londres, on s'en souvient, avait promis monts et merveilles en conférence de presse. On avait l'impression que la position de Montréal s'en trouverait renforcée. Les termes sur papier firent l'effet d'une trahison. Attendons les écrits.

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