L'eau qui se retire lentement des zones inondées révélera un décor bien déprimant. Heureusement, Québec a bonifié son programme d'aide aux sinistrés. Sauf qu'il ne couvre pas tout, loin de là.

L'eau qui se retire lentement des zones inondées révélera un décor bien déprimant. Heureusement, Québec a bonifié son programme d'aide aux sinistrés. Sauf qu'il ne couvre pas tout, loin de là.

«Est-ce qu'on peut au moins me laisser sauver le peu que j'ai?», a lancé un résidant de Noyan avant d'éclater en sanglots la semaine dernière. Son cri du coeur relayé par La Presse a été entendu. Une dizaine de bons Samaritains sont allés aider Richard Leblanc à ériger une digue qui a préservé sa maison.

Pour la plupart des Québécois, même à l'aise, la résidence principale est le plus important actif qu'ils posséderont dans leur vie. Les pertes que subiront les propriétaires envahis par les eaux de la rivière Richelieu sont donc considérables.

Non seulement ce type d'inondation n'est-il pas couvert par les assurances, mais le programme gouvernemental, même majoré à 150 000$, n'éponge qu'une partie des dégâts. Qu'on limite le type de meubles couverts et les montants alloués pour les remplacer est compréhensible. La discrimination selon l'usage des pièces touchées, par contre, est assez discutable.

Le placoplâtre, la peinture, les portes, les armoires, les faux planchers et les recouvrements de sol, par exemple, sont admissibles seulement s'ils se trouvent dans une pièce essentielle (cuisine, salon, salle de bain et chambres occupées en permanence par les membres de la famille). Pourquoi punir les gens qui ont décidé de mettre une salle de jeu ou un bureau plutôt que des chambres au sous-sol?

Beaucoup de Québécois ont fait le choix, plutôt que de dépenser leurs économies en voyages ou d'acheter des produits financiers au rendement incertain, d'investir leur argent dans leur maison. Des programmes gouvernementaux les ont d'ailleurs encouragés à le faire pour stimuler l'économie locale durant la crise. Et les municipalités se font un plaisir d'augmenter leur évaluation, et leur compte de taxes, en conséquence. Comment peut-on leur dire aujourd'hui que des grands pans de cette résidence ne valent rien?

Qu'on veuille dissuader les propriétaires situés en zone régulièrement inondée d'aménager leur sous-sol, passe encore. Mais dans un secteur où l'eau de la Richelieu ne s'était pas rendue depuis au moins 150 ans? On ne peut quand même pas les accuser d'avoir couru après!

Même partielle, l'indemnisation va coûter des millions au Trésor public. Il sera donc essentiel, lorsqu'on aura tous les chiffres en main, de faire un post mortem de l'intervention. On s'apercevra peut-être qu'il vaut mieux, dans ce genre de situation, envoyer l'armée et d'autres paires de bras en renfort plus tôt, comme plusieurs résidants l'ont réclamé. Ainsi, on aurait sans doute pu protéger davantage de maisons, évitant des centaines de milliers de dollars de frais de nettoyage et de réparation... et bien du stress et des dépenses inutiles à leurs propriétaires.

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