Le Vérificateur général du Québec persiste et signe. Le Dossier de santé du Québec (DSQ) risque de défoncer son budget, prévient-il pour la quatrième fois en quatre ans. Un scénario qui, quoi qu'en dise le ministère, paraît de plus en plus inévitable.

Le Vérificateur général du Québec persiste et signe. Le Dossier de santé du Québec (DSQ) risque de défoncer son budget, prévient-il pour la quatrième fois en quatre ans. Un scénario qui, quoi qu'en dise le ministère, paraît de plus en plus inévitable.

Le VG ne mâche pas ses mots à l'égard du projet, qu'il qualifie d'échec. Pourtant, il y a plus inquiétant que ce verdict.

Le projet original, lancé en 2006 et censé aboutir l'an dernier, ne verra finalement pas le jour, c'est vrai. La nouvelle stratégie semble toutefois beaucoup plus sensée. On met la priorité sur le partage des informations médicales des patients dans leur région, où se font la majorité des consultations, plutôt que sur une architecture couvrant l'ensemble de la province et du pays.

La facture finale, par contre, pourrait nous réserver de très mauvaises surprises. Le ministère de la Santé a beau jurer que le budget sera respecté, on n'y croit pas une seconde. Les sommes imputées au DSQ ne dépasseront peut-être pas les 563 millions prévus. Sauf qu'elles ne représenteront pas les coûts réels du projet.  

Certaines composantes sont maintenant imputées au budget courant du ministère, ou pourraient l'être, plutôt qu'à celui du DSQ, signale le Vérificateur. Le ministère se défend en disant, selon les cas, que les composantes sont utilisées ailleurs dans le réseau et que les règles comptables sont respectées.

Les «ressources informationnelles» accaparent déjà plus de 1,5% du budget de la Santé. Une somme considérable dans laquelle il est sans doute tentant d'enfouir certaines dépenses qui, quoiqu'utiles ailleurs, sont indispensables au fonctionnement du DSQ. C'est toutefois une bien mauvaise idée.

Mal planifié et géré à tâtons, ce monstrueux projet informatique a pris un retard considérable et dilapidé beaucoup d'argent en chemin. Jusqu'à 52 millions attendus du fédéral pourraient ne jamais arriver, car le financement d'Inforoute Santé du Canada est lié à l'atteinte de résultats concrets. Des dépenses qui auraient dû être remboursées risquent de ne pas être admissibles. Et ça ne représente sans doute qu'une partie des sommes englouties en pure perte dans l'aventure.

Le DSQ n'est pas un cas unique. C'est la règle plutôt que l'exception dans les projets informatiques du gouvernement québécois, montre un autre chapitre du rapport du Vérificateur. Deux projets sur trois ne respectent pas les paramètres initiaux et Québec, par manque d'expertise, dépend trop des consultants externes.

Le ministère des Services gouvernementaux a pris des mesures pour redresser la situation. Mais le DSQ est loin d'être terminé. Il ne le sera pas avant 2016, et bien des choses peuvent se produire d'ici là. Il faut continuer à le suivre le projet de près, avec toute la transparence possible. C'est la seule façon d'apprendre de cette désagréable expérience et, espérons-le, de ne pas en répéter les erreurs.

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