Croissance réduite, inflation plus forte que prévue: la Réserve fédérale américaine a beau vouloir montrer qu'elle est en contrôle de la situation, elle n'a pas eu le choix de réviser ses projections hier.

Croissance réduite, inflation plus forte que prévue: la Réserve fédérale américaine a beau vouloir montrer qu'elle est en contrôle de la situation, elle n'a pas eu le choix de réviser ses projections hier.

Seule bonne nouvelle pour les Américains, la Fed a aussi revu ses prévisions de chômage à la baisse. Elle s'attend maintenant à ce que le taux de chômage oscille entre 8,4% et 8,7% cette année, au lieu de 8,8% à 9%. La limite supérieure a aussi été réduite à 7,9% pour l'an prochain. Un optimisme compréhensible après la publication de données meilleures que prévu le mois dernier. Un optimisme modéré, toutefois. Les prévisions pour 2013 n'ont pas bougé et demeurent élevées - 6,8% à 7,2%. Ben Bernanke a eu une pensée pour les Américains sans emploi depuis au moins six mois, espérant qu'ils puissent profiter de l'embellie de cette année. Mais la Fed n'a pas d'outils pour cibler le chômage de longue durée, s'est-il empressé d'ajouter

C'est la première fois qu'un président de la Fed s'adressait aux journalistes tout de suite après une réunion de la politique monétaire. Et, donc, acceptait de se justifier. Franchement, on se demande pourquoi on a tant hésité à le faire. Bernanke, assis bien droit derrière sa table, a répondu aux questions avec la prudence dénuée d'aspérités qui caractérise les communications de la banque centrale américaine. La marque n'a pas gagné en glamour dans l'exercice, mais elle en est ressortie intacte.

La croissance économique s'annonçant plus faible que prévu au premier trimestre, la Fed n'a surpris personne en revoyant ses prédictions de janvier à la baisse. Elle ne croit plus que le PIB progressera de 3,4% à 3,9% cette année, seulement de 3,1% à 3,3%. Les attentes ont aussi été réduites pour 2012 et 2013. Les résultats des trois premiers mois de 2011 attendus aujourd'hui devraient afficher une croissance inférieure à 2%, prévoient la majorité des économistes consultés.

Convaincue que les hausses de prix récentes sont «transitoires», la Fed a laissé son principal taux directeur où il est depuis décembre 2008, entre 0% et 0,25%. Ce qui ne l'a pas empêchée d'allonger considérablement les dents de sa fourchette d'inflation. Elle anticipe maintenant 2,1% à 2,8% (incluant les prix de l'énergie et de l'alimentation), comparativement à 1,3% à 1,7%. Les prévisions pour 2012 et 2013 ont aussi été revues à la hausse.

Les trois quarts des économistes sondés par l'agence Bloomberg s'attendent cependant à ce que la banque centrale américaine rehausse ses taux d'ici la fin de l'année, comme plusieurs de ses homologues d'autres pays l'ont déjà fait. Ben Bernanke, évidemment, ne s'est pas aventuré en terrain aussi ferme. Mais qui sait? On aura peut-être des indications un peu plus claires dans «une couple de réunions», pour reprendre son expression.

Qu'en pensez-vous? Exprimez votre opinion