L'Oracle d'Omaha a sondé les entrailles de l'économie américaine et il est formel: la bête n'est pas moribonde. Au contraire, elle s'apprête à revenir en force. Warren Buffett est prêt à parier des milliards là-dessus. Il est tentant de le croire.

«Notre fusil à éléphant est rechargé et l'index me démange», a déclaré le grand patron de Berkshire Hathaway dans sa lettre annuelle aux actionnaires, samedi.

Malgré le pessimisme ambiant, 90% des 6 milliards US investis par le groupe sont allés aux États-Unis l'an dernier, a rappelé Buffett. Les deux milliards supplémentaires prévus en 2011 iront au même endroit.

L'Oracle d'Omaha a parfois erré, mais son jugement demeure extrêmement respecté. Son optimisme envers l'économie américaine est donc perçu comme un signal très encourageant. Signal qui, selon les observateurs du marché, ne serait pas étranger au fait que les principaux indices boursiers américains aient tous clôturé en hausse hier.

Buffett entrevoit un climat d'affaire plus faible qu'en 2005 ou 2006, mais quand même meilleur que l'an dernier. Et surtout, des occasions d'affaires en abondance aux États-Unis. «Le potentiel humain est loin d'être épuisé et le système américain, qui fait des merveilles pour libérer ce potentiel, demeure fonctionnel et bien vivant.» Il faut dire qu'à 80 ans, il en a vu d'autres. D'où sa conviction que «le meilleur reste à venir pour l'Amérique».

Les chiffres, faut-il s'en étonner, ont pris un malin plaisir à le contredire hier. À commencer par les dépenses des consommateurs qui ont augmenté de seulement 0,2% en janvier, à peine la moitié de ce qui était attendu. Le climat immobilier ne s'améliore pas non plus, montre un sondage publié par Fannie Mae. Les Américains sont de moins en moins nombreux à considérer qu'une maison est un placement sûr et de plus en plus nombreux à dire que le moment est mal choisi pour vendre.

D'autres signaux encourageants commencent cependant à être détectés. Le milieu bancaire prévoit une efflorescence de premiers appels publics à l'épargne au printemps, rapporte le Wall Street Journal. Et de plus en plus d'investisseurs achètent des maisons en argent comptant pour pouvoir boucler la transaction rapidement - signe, selon le WSJ, que les prix ne descendront pas beaucoup plus bas.

Sur ce point fondamental, par contre, l'Oracle n'est d'aucune utilité. La reprise immobilière résidentielle commencera probablement dans un an environ, écrit-il, en s'empressant d'ajouter que «de toute façon, il est certain qu'elle se produira à un moment donné». Un biscuit chinois avec ça?

«Chez Berkshire, notre horizon temporel est éternel», poursuit Buffett, comme s'il avait prévu les coups. Pour le consommateur américain moyen, qui ne dispose pas d'un tel luxe de temps, et le bien de l'économie mondiale, mieux vaudrait qu'il ait raison plus tôt que tard.

akrol@lapresse.ca

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