Le Québec compte 47 cliniques de chirurgie privées. Elles détiennent toutes un permis du ministère de la Santé. Ce qui ne veut pas dire que leurs pratiques soient adéquates. Pour le savoir, il faudra voir si elles obtiennent leur agrément, ce qui pourrait prendre jusqu'à deux ans. En attendant, les patients ont bien peu d'information pour s'y retrouver.

Le Québec compte 47 cliniques de chirurgie privées. Elles détiennent toutes un permis du ministère de la Santé. Ce qui ne veut pas dire que leurs pratiques soient adéquates. Pour le savoir, il faudra voir si elles obtiennent leur agrément, ce qui pourrait prendre jusqu'à deux ans. En attendant, les patients ont bien peu d'information pour s'y retrouver.

La chirurgie privée «évolue dans un flou juridique en constante évolution», notait le coroner Jacques Ramsay dans son rapport sur Micheline Charest. C'était il y a presque cinq ans. Malheureusement, le constat est toujours d'actualité. Car s'il est vrai que le dossier a progressé, les bienfaits tardent à se faire sentir.

Ce qui s'est amélioré, c'est le cadre juridique, à peu près inexistant au décès de Mme Charest. Le hic, c'est que ce cadre est encore très théorique et a peu d'effet sur la sécurité des patients.

Le permis décerné au printemps dernier est surtout un signe de conformité à des exigences administratives. Les centres médicaux spécialisés (CMS) qui l'ont reçu doivent notamment avoir un directeur médical responsable, s'assurer que le contrôle du pouvoir décisionnel est entre les mains de médecins, et que tous leurs médecins sont ou bien participants, ou bien non participants au régime public.  

Mais pour savoir si chaque clinique est équipée et aménagée adéquatement, si elle a les protocoles nécessaires pour fournir les soins, encadrer on personnel et gérer les complications, il faudra attendre. Le test important sera l'agrément. Les cliniques ont encore plus de deux ans pour l'obtenir.

Ce test-là, en fait, n'existe même pas encore. Les normes auxquelles devront se conformer les CMS devraient être adoptées cette semaine et publiées d'ici une quinzaine de jours. Les cliniques devront ensuite se préparer durant huit à 12 mois avant de recevoir la visite, et le verdict, d'Agrément Canada ou du Conseil québécois d'agrément.  

D'ici là, celui qui veut se faire opérer hors du système public a bien peu de données objectives pour choisir un établissement. Vérifier les dossiers disciplinaires et la réputation des médecins ne suffit pas. Micheline Charest, Valérie Castonguay et Nicole Groleau avaient choisi des cliniques réputées. Ça n'a pas protégé les deux premières d'une mort accidentelle et la troisième de complications atrocement douloureuses.

Des accidents, il y en a aussi dans le système public. Mais dans ces trois cas, selon les informations diffusées par les coroners et par Radio-Canada, les choses auraient pu se passer autrement en milieu hospitalier. Et ça, c'est inacceptable.

La compétence des médecins ne suffit pas. On doit exiger des CMS un niveau de qualité et de sécurité au moins équivalent à celui du système public. Et les obliger à informer les clients de leurs limites en cas de complications.  

Québec avait promis de mieux encadrer les cliniques privées afin de protéger la population. On attend encore.

Qu'en pensez-vous? Exprimez votre opinion