On devrait arrêter un instant de parler des futures pénuries qu'entraînera le vieillissement de la population et se préoccuper des jeunes qui, en ce moment même, ne réussissent pas à trouver du travail.

On devrait arrêter un instant de parler des futures pénuries qu'entraînera le vieillissement de la population et se préoccuper des jeunes qui, en ce moment même, ne réussissent pas à trouver du travail.

Les révoltes égyptienne et tunisienne nous ont montré où peut mener le désespoir d'une jeunesse accablée par le chômage. Plusieurs pays industrialisés affichent aussi des taux de chômage élevés chez les moins de 25 ans. Leurs dirigeants ne risquent pas de perdre le pouvoir mais les jeunes, eux, perdent de précieuses années de vie active.

Le problème est particulièrement aigu dans certains États européens. Une «bombe à retardement», considère le ministre de l'Emploi de la Grande-Bretagne, où plus de 20% des 16-24 ans cherchent désespérément un gagne-pain. C'est encore pire en Italie (29%), en Grèce (36%) et en Espagne (presque 43%).

Ça va mieux ici, mais le taux de chômage des 15-24 ans (14,4%) est quand même presque le double de celui de l'ensemble de la population (7,8%). Même l'Australie, qui fait l'envie de plusieurs avec ses 5% de chômage, n'arrive pas à occuper sa génération montante, dont presque 13% reste sur le carreau.

Non seulement les jeunes sont souvent les premiers mis à pied lors de période de ralentissement économique, mais ils ont aussi plus de difficulté à trouver un emploi, soulignait Statistique Canada en septembre. On a beau savoir que c'est la conjoncture, ce n'est pas plus facile à vivre.

Certains choisiront de rester aux études. Un pari valable à la condition de suivre une formation augmentant les perspectives d'emploi ou de revenu. Aller chercher un diplôme difficilement monnayable ne fait que repousser le problème - voire même l'aggraver si on s'endette pour  l'obtenir.

Ceux qui restent en marge du marché du travail ont d'autres ennuis. Sans emploi ou sous employés dans un domaine qui n'utilise pas leurs compétences, ils perdent de précieuses années d'expérience professionnelle. Lorsque les entreprises se remettront à embaucher, elles risquent de leur préférer des candidats fraîchement diplômés.

Une économiste a calculé qu'un étudiant américain qui obtient son diplôme universitaire durant une récession s'en ressentira encore 15 ans après: il gagnera environ 2,5% de moins que s'il avait intégré la vie active dans une période plus favorable.

En Europe, on mise beaucoup sur les apprentissages en entreprise mais les résultats, inégaux, varient beaucoup selon les pays et les secteurs d'activité.

Les jeunes qui ont aujourd'hui moins de 25 ans sont les premiers, depuis la récession du début des années 90, à se buter à un marché de l'emploi aussi fermé. Ils n'ont pas le poids démographique de la jeunesse du Moyen-Orient, mais ils n'ont pas non plus le fatalisme de la génération X, qui a vécu la même chose qu'eux.

Convaincus de leur légitimité, ayant vu leur estime d'eux-mêmes renforcée dès le plus jeune âge, ils n'hésiteront pas à se faire entendre si la situation tarde à s'améliorer.

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