Signe des temps, ce n'est pas seulement une, mais deux fusions de groupes boursiers qui ont alimenté l'actualité financière hier. Confirmation, s'il en faut, que le regroupement entre la Canadienne TMX et la Britannique LSE s'inscrit dans l'ordre naturel des choses.

Signe des temps, ce n'est pas seulement une, mais deux fusions de groupes boursiers qui ont alimenté l'actualité financière hier. Confirmation, s'il en faut, que le regroupement entre la Canadienne TMX et la Britannique LSE s'inscrit dans l'ordre naturel des choses.

La transaction toute en actions des groupes TMX et LSE suit la même logique que celle conclue entre le TSX et la Bourse de Montréal il y a bientôt trois ans. Dans les deux cas, ce n'était qu'une question de temps avant que la plus petite des sociétés se fasse absorber. Et aujourd'hui comme en 2007, il faut prendre les craintes et le déchirage de chemise avec un grain de sel. Si le projet se réalise, ces réactions s'estomperont rapidement.

Pour notre part, nous ne trouvons pas grand motif de nous émouvoir.

Certes, la «fusion entre égaux» qu'on nous annonce n'en est pas une puisque les actionnaires du LSE contrôleront 55% du holding chapeautant les deux groupes. Et rien ne garantit que les  synergies et les revenus supplémentaires qu'on nous fait miroiter seront au rendez-vous - les fusions d'entreprises se révèlent souvent beaucoup moins profitables que prévu.

Sauf que rien ne garantit non plus que TMX a un avenir plus brillant en solo. Si le projet comporte sa part de risques, le statu quo aussi. Déjà, les Bourses de Toronto et de croissance TSX ne contrôlent plus que 67,4% du volume de transactions au Canada. Les concurrents de TMX comme Alpha Trading, Chi-X Canada ou Pure Trading ne vont pas s'arrêter là.

Évidemment, il ne faudra pas se contenter des belles promesses faites en conférence de presse. Que le patron du LSE, le Français Xavier Rolet, nous promette dans sa langue maternelle que la direction de toutes les activités de dérivés du groupe sera à Montréal est bien agréable à entendre. Mais il faudra des garanties écrites sur le long terme.

L'Autorité des marchés financiers québécoise et la Commission des valeurs mobilières de l'Ontario devront passer le projet au peigne fin. Le gouvernement Harper, par contre, entretient un flou étonnant sur ses responsabilités.

Avec les actifs en jeu, on voit mal comment la transaction pourrait se soustraire au fameux test de «l'avantage net». Pourtant, le ministre de l'Industrie n'a même pas voulu confirmer qu'il serait pratiqué, se bornant à dire qu'il examinerait «en quoi la Loi sur Investissement Canada peut s'appliquer». On comprend, après le blocage de Potash Corp., qu'il veuille assurer les investisseurs étrangers de sa neutralité. Mais il devrait aussi assurer les Canadiens de sa vigilance. Quel pays laisserait filer le contrôle de son principal groupe boursier sans y regarder à deux fois?

Les discussions entre Deutsche Boerse et NYSE Euronext participent au même vent de consolidation. Une transaction qui, si elle était approuvée, créerait la plus grosse Bourse au monde. Les autres devront se battre contre des géants de plus en plus gros.

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