Le bio occupe un espace encore très limité dans le panier d'épicerie québécois, mais la demande progresse rapidement. Agriculteurs et transformateurs sauront-ils saisir l'occasion?

Québec lancera en mars une campagne pour promouvoir le logo BIO Québec qui pourrait, à terme, remplacer ceux des divers certificateurs. D'ici là, on aimerait au moins que les consommateurs le reconnaissent et le demandent. Car pour l'instant, l'essor du bio profite surtout à des entreprises d'ailleurs.

La catégorie ne représente que 2% de l'alimentation des Canadiens, mais connaît une poussée de croissance depuis 10 ans. Les ventes au détail ont bondi de 66% entre 2006 à 2008. Sauf que 70% de ce qui se vend ici provient de l'extérieur de la province. Il y a une place à prendre. À condition de passer en vitesse supérieure.

Québec s'est enfin commis l'été dernier, avec un plan d'action doté d'objectifs concrets. On veut 500 nouveaux fournisseurs (fermes et transformateurs) et 20% plus de superficies cultivées d'ici 2015. Pour la première fois, on offre une aide financière aux agriculteurs qui convertissent leur exploitation au bio.

Le budget est d'environ 8 millions de dollars pour l'ensemble de ces mesures de soutien à la production et à la promotion. Une somme modeste en regard des montants alloués à l'agriculture conventionnelle mais qui, espérons-le, servira de catalyseur.

Plusieurs États, notamment en Europe, soutiennent davantage le secteur. Sauf que l'argent seul ne suffit pas. Le Québec compte actuellement plus de 1200 producteurs et transformateurs bios, qui n'ont pas attendu d'incitatifs financiers pour faire ce choix. Une question de valeurs, bien sûr, mais aussi une décision d'affaires. Ils étaient convaincus du potentiel de leur production bio. Cette conviction-là ne se commande pas. Le MAPAQ peut donner un élan à ceux qui ont envie de se lancer, pas pousser ceux qui n'y croient pas.

La même logique s'impose au sujet des consommateurs, dont plusieurs doutent de la valeur ajoutée du bio. La promotion devra en tenir compte. Certes, il y a une grande méconnaissance du travail supplémentaire que requiert ce type d'agriculture, mais il y a mieux à faire que de se lancer dans de grandes explications. Il faut parler aux consommateurs de ce qui les intéresse. Et les mentions frais, sans pesticides, naturel, ainsi que l'origine des ingrédients, les intéressent beaucoup plus que la certification bio, confirme une étude américaine. Il faudrait vérifier, mais ce n'est sans doute pas très différent ici. Les producteurs bios auraient intérêt à attirer l'attention sur ces qualités qu'ils possèdent déjà.   

Pour l'instant, le MAPAQ soutient le secteur en raison de son potentiel commercial. Notre réflexion collective sur la place de l'agriculture bio, par contre, reste à faire. Si la population souhaite voir davantage de cultures et d'élevages de ce type pour réduire l'usage des pesticides et des antibiotiques sur le territoire, il va falloir y mettre autrement plus de moyens.

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