Les produits amaigrissants en vente libre ne font pas de miracles. Dans certains cas, ils peuvent même faire beaucoup de dégâts, souligne le magazine Protégez-vous dans son dernier numéro. Et pourtant, leur popularité n'a rien d'étonnant.

Les produits amaigrissants en vente libre ne font pas de miracles. Dans certains cas, ils peuvent même faire beaucoup de dégâts, souligne le magazine Protégez-vous dans son dernier numéro. Et pourtant, leur popularité n'a rien d'étonnant.

Il y quelques années, un centre de recherche de l'Université Yale a voulu savoir jusqu'où les gens seraient prêts à aller pour ne pas être obèses. La réponse n'a pas été tiède. Près d'un répondant sur deux aurait donné une année de sa vie, presque un sur trois aurait accepté un divorce et un sur quatre aurait préféré ne pas avoir d'enfant. Et environ 15% auraient mieux aimé souffrir d'une grave dépression, être alcooliques ou écourter leur vie de 10 ans que d'être obèses.

Le terme obésité a peut-être influencé les réponses, puisqu'il s'agit d'un facteur de risque important pour plusieurs ennuis de santé. Mais évoquer un surpoids de 10 ou 20 kg aurait probablement suscité des réactions du même ordre. Le problème n'est pas différent: les kilos en trop sont mal vus, et réputés difficiles à perdre.

Il ne faut donc pas s'étonner que des gens soient prêts à des sacrifices importants pour échapper à cette situation. S'ils ne peuvent pas raccourcir leur vie, ils sont néanmoins prêts à mettre leur santé en péril.

Le dossier de Protégez-vous fait bien ressortir les dangers de certains suppléments amaigrissants en vente libre. Plusieurs contiennent des ingrédients qui agissent sur la glycémie, ou qui interfèrent avec les antidépresseurs, les anticoagulants et les hypotenseurs. Pas rassurant pour les personnes obèses qui prennent des médicaments pour contrôler leur diabète ou leur tension artérielle.

On aimerait que ces produits soient mieux encadrés. Que les emballages détaillent les ingrédients et leurs risques. Et que les mixtures illégales soient retirées plus rapidement des tablettes. Le laxisme actuel contribue sans doute à donner une fausse impression d'innocuité aux consommateurs.

Il faut cependant réaliser que la popularité de ces méthodes, comme de toutes celles qui entraînent, au mieux, une perte de poids de courte durée, n'est pas seulement le fruit de l'ignorance. On aura beau «éduquer le public» tant qu'on voudra, la demande pour ces suppléments n'est pas près de s'éteindre.

Notre fixation collective sur les kilos, et la difficulté de les déloger nourrissent l'intérêt pour les solutions bidon.  

La charte pour une image corporelle saine et diversifiée, pour laquelle la ministre St-Pierre a présenté son plan d'action hier, est louable, mais la pression n'est pas qu'esthétique. Le surpoids est aussi vu comme une nuisance relationnelle, professionnelle et sanitaire - perceptions que la plupart d'entre nous contribuent, d'une façon ou d'une autre, à alimenter.

On peut bien prêcher le poids santé et les saines habitudes de vie. Mais tant qu'on accordera autant d'importance aux kilos, il ne faudra pas s'étonner que certains veuillent s'en libérer au plus vite, à n'importe quel prix.

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