La tendance se maintient, révèle l'enquête sur la rémunération des salariés publiée hier par l'Institut de la statistique du Québec (ISQ). Les syndiqués de la fonction publique québécoise reçoivent moins sur leur chèque de paie, mais leur rémunération totale équivaut à celle des salariés du privé.

Si votre priorité est d'avoir plus d'argent dans votre compte à la fin du mois, mieux vaut chercher un boulot ailleurs qu'au provincial. Mais si vous privilégiez d'autres aspects de la qualité de vie, comme la durée de la semaine de travail, le nombre de congés payés et la valeur des avantages sociaux, Québec demeure un employeur très concurrentiel.

Avant d'aller plus loin, des précisions s'imposent. L'enquête de l'ISQ ne porte que sur des emplois syndiqués pour lesquels il existe une base de comparaison suffisante entre Québec et les autres employeurs de la province. Ce qui exclut plusieurs professions, comme l'enseignement et les soins infirmiers. Et tous les cadres.

De plus, les organisations auxquelles Québec se mesure comptent au moins 200 employés. Le privé dont on parle ici n'est pas celui des petites PME. L'ISQ le mentionne clairement, mais la nuance a tendance à se perdre dans le discours public. Elle est essentielle. Bien des travailleurs, parmi ceux qui paient les salaires des fonctionnaires, aimeraient avoir leurs conditions.

Revenons aux chiffres. Pour la centaine d'emplois étudiés, la paie des syndiqués provinciaux est inférieure de 10,4% à ce qui se pratique dans le reste du marché du travail. Toutefois, si l'on considère la rémunération totale, l'écart fond pratiquement de moitié.

Lorsqu'on limite la comparaison au reste du secteur public (municipal, fédéral et sociétés d'État), le fossé se creuse. Devant l'ensemble du secteur privé, par contre, il disparaît complètement. Notons aussi que les revenus des fonctionnaires provinciaux sont un peu sous-estimés cette année, car l'enquête ne tient pas compte du versement rétroactif de 0,5% résultant de la négociation collective.

Si Québec veut devenir un employeur plus attrayant, c'est sur des points précis, et non sur la moyenne générale, qu'il doit travailler. S'il offre des conditions concurrentielles dans les services, notamment en cuisine, il aurait du rattrapage à faire dans d'autres secteurs, dont le génie, le droit et l'informatique.

Pour offrir des services publics de qualité, il faut du personnel qualifié. Il ne s'agit pas de rivaliser avec les municipalités, où les conditions sont nettement exagérées. Mais l'État est tout de même en concurrence avec les autres employeurs. S'il veut attirer et retenir certains types de travailleurs, il n'aura pas le choix de s'ajuster. Le marché de l'emploi est une réalité avec laquelle il est impossible de négocier.

akrol@lapresse.ca

Qu'en pensez-vous? Exprimez votre opinion