Les Québécois ne sont pas choqués à l'idée que des malades en phase terminale puissent avoir de l'aide pour mettre fin à leurs jours. Près des trois quarts considèrent d'ailleurs qu'un médecin ne devrait pas être poursuivi pour ça, montre le sondage CROP/Radio-Canada rendu public au cours des derniers jours. Un résultat qui montre à quel point la discussion ne doit pas se limiter à un débat d'experts.

Les Québécois ne sont pas choqués à l'idée que des malades en phase terminale puissent avoir de l'aide pour mettre fin à leurs jours. Près des trois quarts considèrent d'ailleurs qu'un médecin ne devrait pas être poursuivi pour ça, montre le sondage CROP/Radio-Canada rendu public au cours des derniers jours. Un résultat qui montre à quel point la discussion ne doit pas se limiter à un débat d'experts.

Les 2200 Québécois interrogés n'y vont pas par quatre chemins. Plus de 80% seraient d'accord avec un membre de leur famille qui, n'ayant plus que quelques mois à vivre, alité et en proie à d'intenses souffrances, souhaiterait que son médecin ou son entourage l'aide à mourir. Si celui-ci était plongé dans un coma sans retour, et avait indiqué son désir qu'on mette fin à ses jours advenant une telle situation, presque 90% lui donneraient leur bénédiction.

La Commission spéciale sur la question de mourir dans la dignité fait beaucoup pour éclairer ce débat délicat. À commencer par son document de consultation, qui établit des distinctions essentielles entre des concepts souvent mal compris comme euthanasie, refus de traitement, sédation terminale et suicide assisté. Elle entend aussi bien de simples citoyens que des associations et des intervenants du système de santé. Mais ce sont surtout ces derniers qui réussissent à se faire entendre à l'extérieur de la salle d'audience de la Commission.

C'est compréhensible. Ils ont une vue d'ensemble et se portent à la défense des malades. Quand ils disent que le système ne consacre pas assez de ressources aux soins palliatifs, et que plus de patients pourraient en bénéficier, on peut les croire sur parole.

Sauf qu'il faut également entendre les principaux intéressés. Les simples citoyens qui, aussi bien portants soient-ils, se doutent bien qu'il n'en sera pas toujours ainsi. Leur volonté est limpide: avoir le dernier mot, jusqu'à la fin. Lorsqu'on leur demande à qui doit revenir la décision finale d'avoir recours à l'euthanasie, 73% désignent le patient, s'il est apte. Et lui seul. Seulement 5% croient que la décision devrait se prendre en concertation avec le médecin ou l'entourage. Le message est sans équivoque.

Malheureusement, l'état de notre réseau de santé fausse le débat. Il alimente des scénarios d'horreur où les malades subiraient des pressions pour «céder leur place». C'est bien mal connaître nos professionnels de la santé, qui ont toujours refusé de mettre leur pratique au service de contraintes budgétaires.

Il faut arrêter de se réfugier dans des peurs irrationnelles, et reconnaître les faits. Notre système laisse tomber des patients en fin de vie. Quand on leur dit que la seule façon de mettre fin à leurs souffrances est de se laisser mourir de faim et de soif, il y a un problème. On s'attend à mieux de la médecine du XXIe siècle.

Le défi est d'imaginer un cadre qui réponde aux besoins des uns sans brimer les autres. Il est temps de nous y attaquer.

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