La pression des baby-boomers sur le système de santé inquiète beaucoup les Canadiens. Ils sont cependant très divisés sur les moyens à prendre pour y faire face, révèle un sondage de l'Association médicale canadienne (AMC). Le débat s'annonce difficile.

Plus des trois quarts des Canadiens sont préoccupés par l'impact du vieillissement des baby-boomers sur le système de santé. Ils craignent à la fois de devoir payer plus de taxes et d'impôts, et de subir une réduction du niveau de service et de la qualité des soins, montre le sondage que nous avons obtenu. Il a été réalisé par Ipsos-Reid, qui a interrogé près de 3500 Canadiens en juin.

L'AMC, qui dévoilera ces chiffres ce midi à son assemblée annuelle, y voit un signal clair aux décideurs. «Les Canadiens veulent un dialogue ouvert sur les enjeux difficiles des soins de santé et ils veulent que ce dialogue commence maintenant», dit la présidente de cette association nationale de médecins, Anne Doig.

Les politiciens s'aventurent cependant en terrain miné. Faut-il exiger plus d'argent des boomers les mieux nantis, ou augmenter les taxes et impôts de tous les contribuables? La question divise les répondants en deux camps égaux (40% chacun). Les élus n'ont toutefois pas le choix de s'attaquer au problème, car très peu de gens (20%) accepteraient une réduction du niveau de service.

Est-ce pour cette raison que le ticket modérateur reçoit un tel appui? Les répondants étaient nettement plus nombreux (60%) à préférer cette solution à une hausse de taxes et d'impôts (40%). Un résultat étonnant, surtout quand on pense au tollé que cette idée suscite au Québec.

Le contexte du sondage, qui traite des difficultés qu'éprouvera le système de santé à répondre à la demande, y est peut-être pour quelque chose. Tout comme le fait qu'une augmentation de taxes et d'impôts, une idée toujours impopulaire, était le seul autre choix offert aux participants.

Chose certaine, le ticket modérateur est une possibilité bien présente dans l'esprit des Canadiens, et ils sont loin de le rejeter en bloc. Reste à voir comment ils réagiraient à son application concrète.

Quand vient le temps de financer les services publics, chacun a tendance à privilégier les solutions qui ne le mettront pas à contribution. Ce syndrome du «pas dans ma bourse» ressort d'ailleurs clairement dans le sondage.

Par exemple, 40% des répondants de moins de 46 ans disent que les baby-boomers devraient payer davantage, que ce soit en taxes et impôts ou par un ticket modérateur. Les plus de 46 ans ne partagent pas leur enthousiasme: seulement 26% sont d'accord avec cette idée.

Avant d'aller chercher plus d'argent, on devrait se demander comment on va le dépenser. Cela fait des années que les urgences débordent parce que des patients paralysent des lits en attendant leur place, pourtant beaucoup moins coûteuse, en centre d'hébergement. Si on ne réorganise pas le système, on n'aura jamais assez d'argent pour le faire fonctionner.

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