Près de trois ans après sa création, le Groupe de travail sur la réduction du sodium alimentaire publie enfin ses recommandations. Une position de compromis, basée sur des cibles non contraignantes. Ottawa doit prendre le relai, et rapidement. Autrement, cette approche volontaire ne donnera aucun résultat.

Nous absorbons trop de sodium. Environ 3400 mg par jour en moyenne, presque 50% de plus que l'apport maximal tolérable, au-delà duquel on risque des problèmes de santé. L'excès de sodium est une cause fréquente d'hypertension, qui est un facteur de risque important pour les maladies cardiovasculaires, les AVC et les maladies rénales.

Ce maximum tolérable (2300 mg par jour) doit devenir la norme d'ici six ans, dit le groupe de travail. Un objectif ambitieux, qui exigera une intervention musclée.

En effet, le Canadien moyen tire les trois quarts de son sodium d'aliments transformés. Une source difficile à contrôler, à moins d'y être contraint par des raisons de santé. Si l'on veut avoir un impact sur l'ensemble de la population, il faut agir en amont, en convaincant les fabricants et les restaurateurs de changer leurs recettes.

La contrainte, comme on le sait, est un argument très convaincant. C'est pourquoi nous aurions préféré, comme plusieurs, que le groupe de travail choisisse cette approche. Une stratégie volontaire permet d'agir beaucoup plus rapidement qu'une réglementation, a fait valoir hier la vice-présidente du groupe, Mary L'Abbé. Il faut reconnaître que, sur ce point, elle n'a pas tort. Le sodium n'est pas un poison, c'est sa consommation excessive qui est risquée. Une teneur maximale par aliment, comme il en existe pour les traces de pesticides dans les fruits et légumes, serait difficilement justifiable d'un point de vue légal.

Volontaire ne veut cependant pas dire facultatif. L'État doit intervenir de façon vigoureuse et soutenue, comme l'a fait le Royaume-Uni. La sensibilisation ne suffit pas, il faut mettre de la pression. Pas seulement en suggérant des teneurs maximales de sodium pour le pain ou la soupe, comme Santé Canada a commencé à le faire. En publicisant largement ces cibles, pour que les consommateurs les recherchent et les réclament.

Ottawa doit aussi modifier ses règles d'étiquetage. Actuellement, le pourcentage de sodium indiqué dans le tableau de valeur nutritive est calculé en fonction de l'apport maximal tolérable (2300 mg). On devrait plutôt utiliser le besoin quotidien en sodium - 1500 mg suffisant pour la majorité des adultes. Les consommateurs auront un choc en voyant que certains aliments leur fournissent presque toute leur ration de sel quotidienne. Mais ce sera un choc salutaire, qui devrait inciter les fabricants à améliorer leurs produits.

Finalement, il sera essentiel de produire un rapport annuel détaillé, comme le recommande le groupe. C'est la seule façon de voir s'il y a des progrès, ou s'il faut s'y prendre autrement.

akrol@lapresse.ca

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