L'Espagne, grâce au but d'Iniesta à la 116e minute de jeu, est ressortie grande gagnante de cette Coupe du monde. Et l'Afrique du Sud, elle? Ce pays dont le PIB par habitant oscille autour de 10 000$ a dépensé plus de 5 milliards de dollars pour accueillir l'événement. Un investissement rentable?

En matière d'image, ça ne fait aucun doute. Oui, les journalistes étrangers ont évoqué la misère des townships et la violence de la criminalité. Mais le Mondial a surtout permis aux Sud-Africains de confondre les sceptiques et de prouver qu'ils étaient capables de relever un défi de cette envergure. Les infrastructures étaient prêtes, l'organisation adéquate et les agressions contre les touristes réduites au minimum. Bref, la catastrophe annoncée durant des années n'a pas eu lieu. C'est déjà énorme.

Le Mondial devrait faire augmenter le PIB de 0,3% à 0,4% cette année - le président Jacob Zuma avait d'abord promis 0,5%. Sauf que le taux de chômage a encore grimpé en mars, durant une période où on mettait pourtant les bouchées doubles pour être prêt à temps. Il dépasse maintenant les 25%, et même les 30% si on inclut ceux qui ont renoncé à chercher du travail. C'est intenable.

Il est donc crucial que cette Coupe du monde ait des retombées à plus long terme. Les industries touristiques et viticoles espèrent évidemment tirer profit de la visibilité exceptionnelle dont elles ont joui depuis un mois. Mais ce qui sera vraiment déterminant pour l'Afrique du Sud au cours des prochaines années, ce sera sa capacité à attirer des investisseurs étrangers. L'État a besoin d'eux pour faire progresser son économie et, surtout, créer des emplois.

Ce sont de gains concrets comme ceux-là dont le pays a besoin. Pas d'un autre rêve comme les Jeux olympiques de 2020, un scénario évoqué avec un enthousiasme inquiétant depuis quelques jours.

Les grands-messes sportives font l'affaire des comités organisateurs et des commanditaires, mais elles profitent bien peu aux populations qui en paient la note. Surtout dans un pays en émergence comme l'Afrique du Sud, dont une grande partie de l'économie est informelle. En excluant les vendeurs de rue dans un rayon d'un kilomètre autour des stades, la FIFA a réussi l'exploit de limiter les retombées locales de son propre événement. On ne la félicite pas.

L'Afrique du Sud a un urgent besoin d'infrastructures. Pas de celles que réclame le Comité international olympique aux pays qui le courtisent, cependant. Le Mondial lui laisse déjà 10 stades trop grands et trop luxueux pour ses équipes locales, qui lui coûteront une fortune à entretenir. Inutile d'en rajouter. Ce qu'il faut maintenant, ce sont des routes, des rails, des aéroports aptes à soutenir, et non à freiner, l'activité économique.

Pour le gouvernement Zuma comme pour les millions d'amateurs de foot qui ont vécu à l'heure sud-africaine depuis un mois, il est temps de ranger les drapeaux et de se remettre au boulot. Il y a de quoi faire.

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