Les relations entre piétons et automobilistes s'enveniment, montre un récent sondage de la Société de l'assurance automobile du Québec (SAAQ). La proportion de piétons et de conducteurs qui considèrent que l'autre groupe ne respecte pas les règles de circulation augmente. Et chacun admet être plus délinquant qu'avant. Il faut briser ce cercle vicieux.

Au moins 65% des piétons se plaignent que les conducteurs ne respectent pas les règles de circulation les concernant. Et 55% des conducteurs leur font le même reproche, révèle l'enquête réalisée par Léger Marketing en novembre 2009. Seulement 46% des répondants exprimaient une telle insatisfaction en 2007. C'est clair, la tension monte.

 

Il faut dire que les deux groupes ont de plus en plus tendance à étirer l'élastique. Quelque 37% des conducteurs admettent accélérer souvent au feu jaune avant qu'il ne tourne au rouge. Ils n'étaient que 28% en 2007. De leur côté, 34% des piétons reconnaissent traverser souvent sans attendre le feu qui leur est destiné, contre seulement 24% en 2007.

Des comportements qui trahissent une grande impatience. On préfère prendre un risque, parfois important, plutôt que d'attendre au prochain feu vert ou piétonnier. Le problème, c'est que ces comportements génèrent aussi beaucoup de tensions. Les automobilistes qui ne respectent pas les priorités des piétons et les piétons qui traversent n'importe quand et n'importe où ont fait l'objet de nombreuses critiques sur notre blogue.

Cette animosité est préoccupante. Le quart des Québécois trouvent que les piétons sont moins en sécurité qu'avant dans leur municipalité. C'est encore pire à Montréal, où le tiers des répondants sont de cet avis. On aimerait que piétons et automobilistes soient plus prudents et tiennent compte les uns des autres, mais l'hostilité qui règne entre les deux groupes n'incite personne à faire le premier pas. La SAAQ a diffusé des appels au civisme au cours des dernières années, mais la sensibilisation a des limites.

La situation serait beaucoup plus facile si les municipalités prenaient leurs responsabilités et privilégiaient les aménagements qui augmentent naturellement la sécurité des piétons. On peut penser aux trottoirs en saillie qui réduisent la vitesse de virage pour les véhicules, et la longueur de la traversée pour les piétons. Ou aux rues plus étroites, qui incitent les conducteurs à ralentir. On en a de bons exemples à Montréal dans les rues Bernard et Laurier, entre Saint-Laurent et du Parc. Ce genre d'aménagement devrait être intégré systématiquement à la réfection des artères et des intersections. Ils ne remplacent pas le respect du code de la route ni le jugement et la courtoisie entre piétons et automobilistes. Mais en diminuant les risques de conflits entre usagers de la route, et en ne faisant pas reposer tout le poids de la sécurité sur leurs épaules, ils facilitent grandement leur cohabitation.

 

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