Les hôpitaux, comme on le sait, ne sont pas les employeurs les plus populaires. Beaucoup d'infirmières leur préfèrent les agences privées qui, en échange de plus d'argent et de flexibilité, revendent leurs services à prix fort. Une tendance qui accentue la pénurie d'infirmières dans le secteur public tout en y augmentant le coût de cette main-d'oeuvre. Soucieux de ne pas contribuer au problème, l'Ordre des infirmières et infirmiers du Québec (OIIQ) refuse désormais les pubs de ces agences dans sa revue Perspective Infirmière. Une décision courageuse qui mérite d'être saluée, et non renversée par les tribunaux!

Les hôpitaux, comme on le sait, ne sont pas les employeurs les plus populaires. Beaucoup d'infirmières leur préfèrent les agences privées qui, en échange de plus d'argent et de flexibilité, revendent leurs services à prix fort. Une tendance qui accentue la pénurie d'infirmières dans le secteur public tout en y augmentant le coût de cette main-d'oeuvre. Soucieux de ne pas contribuer au problème, l'Ordre des infirmières et infirmiers du Québec (OIIQ) refuse désormais les pubs de ces agences dans sa revue Perspective Infirmière. Une décision courageuse qui mérite d'être saluée, et non renversée par les tribunaux!

C'est pourtant ce que réclame Girafe Santé, l'une des principales agences québécoises. L'Ordre des infirmières a exercé ses pouvoirs de manière abusive, arbitraire et empreinte de mauvaise foi, affirme Girafe Santé dans une poursuite intentée récemment en Cour supérieure. Nous croyons au contraire que l'OIIQ a agi dans l'intérêt du public, qui est la raison d'être d'un ordre professionnel. Or, si le recours aux agences est profitable pour ces entreprises et pour les infirmières qu'elles placent, il ne l'est pas pour les contribuables. Au contraire. Confier un quart de travail à une infirmière d'agence plutôt qu'à une employée coûte plus cher à l'établissement.

Refuser les annonces de ces agences est une prise de position claire «en faveur du réseau public de soins de santé», indique l'OIIQ dans sa politique mise en vigueur il y a un an. La décision n'a pas été prise à la légère. Les discussions se sont étalées sur un an, et l'organisme se prive de presque 275 000$ de revenus annuels.

L'OIIQ n'est d'ailleurs pas le seul ordre professionnel à refuser des annonceurs par souci de cohérence. Le Collège, la revue des médecins, n'accepte aucune pub de produits pharmaceutiques. L'ordre des diététistes ne veut pas non plus de pub de produits pharmaceutiques ou alimentaires dans sa revue Nutrition. Les fabricants qui veulent mousser leurs produits ont seulement accès aux envois postaux et à l'intranet destinés aux membres.

Girafe Santé réclame aussi 400 000$ de dommages parce qu'une autre agence a pu annoncer - une erreur de bonne foi selon l'Ordre. Le tribunal tranchera. Ce qui est intéressant, c'est le détail du calcul. Chaque pub permettait de recruter 17 candidates, affirme l'entreprise. Et leur travail (49 semaines à temps plein en moyenne) générait 400 000$ de bénéfices - une marge brute de 20%!

On comprend que la nouvelle politique ne fasse pas l'affaire de Girafe Santé. Mais l'Ordre n'est pas à son service. C'est au public qu'il est redevable. Il faut bien réaliser qu'en vendant de l'espace aux agences québécoises, l'OIIQ ne donnait pas seulement accès à ses membres: il tirait profit de ce commerce. Aujourd'hui, l'Ordre ne veut plus que son magazine serve de relais à cette activité. Ses principes lui ont fait perdre des revenus importants. On voit mal au nom de quoi on pourrait le forcer à accepter cet argent de nouveau!

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