Si vous êtes de ceux qui se forcent à manger des fruits et des légumes, vous avez sûrement été piqué au vif cette semaine. Contrairement à ce qu'on entend depuis des années, ce groupe alimentaire ne protège pas du cancer. Ou si peu. Si tout le monde en mangeait 200g de plus par jour (environ 1,5 portion), le nombre de cas de cancer diminuerait de 4% dans la population. On est loin de la réduction du risque de 50% qui a déjà été évoquée. La crédibilité des apôtres de la vertu alimentaire vient d'en prendre un coup.

Si vous êtes de ceux qui se forcent à manger des fruits et des légumes, vous avez sûrement été piqué au vif cette semaine. Contrairement à ce qu'on entend depuis des années, ce groupe alimentaire ne protège pas du cancer. Ou si peu. Si tout le monde en mangeait 200g de plus par jour (environ 1,5 portion), le nombre de cas de cancer diminuerait de 4% dans la population. On est loin de la réduction du risque de 50% qui a déjà été évoquée. La crédibilité des apôtres de la vertu alimentaire vient d'en prendre un coup.

Exaspérés de voir les études se contredire, beaucoup de gens ont des mots très durs envers les experts du quoi manger et ne pas manger. Y compris le fameux mot en «c». Oui, curé. Sauf que cette religion-là n'est pas devenue populaire toute seule. Si certains ont l'impression d'entendre un prêche, c'est que le message fait bien des adeptes. Ne pouvant plus faire appel au divin, on se rabat sur la protection potagère.

La disparition de la religion nous a laissés terriblement à découvert devant l'idée de la mort. On essaie de ne pas y penser, mais le cancer nous la rappelle constamment. Première cause de décès prématuré chez nous, frappant presque une personne sur deux, cette maladie ne se fait jamais oublier très longtemps. Nous connaissons tous quelqu'un qui en a souffert, ou y a succombé. Savoir que des traitements peuvent être tentés ne nous rassure en rien – ils nous semblent presque aussi redoutables que le cancer lui-même. Comment composer avec une telle menace?

La recommandation formulée par l'Organisation mondiale de la santé en 1990 est tombée à point. Manger au moins cinq portions de fruits et légumes par jour pour prévenir le cancer? Ceux qui le faisaient déjà s'en sont félicités. D'autres, beaucoup d'autres, se sont convertis. On s'est mis aux fruits et légumes comme, en d'autres temps, on aurait prié ou acheté des indulgences. Parce qu'on veut croire qu'il y a quelque chose à faire pour être épargné.

On peut aussi éviter de fumer, de boire trop d'alcool ou de manger trop de charcuteries, mais l'abstention n'apporte pas le même réconfort que le geste posé plusieurs fois par jour. Ces cinq portions quotidiennes étaient un arrangement bien commode. Si on en veut à la science, ce n'est pas tant à cause de tous ces brocolis qu'on s'est astreint à brouter durant des années. C'est parce qu'en découvrant son erreur, la science nous ramène à la case départ. Devant le cancer, nous sommes toujours aussi à découvert.

Pourtant, les fruits et légumes n'ont pas dit leur dernier mot. Outre leur effet protecteur contre les maladies cardiovasculaires, quelques-uns pourraient s'avérer très utiles contre certaines formes de cancer. Ces recherches-là doivent continuer. Tout comme celles portant sur des régimes plus globaux, comme la fameuse diète méditerranéenne. À défaut de religion, on finira peut-être par trouver des approches efficaces. C'est tout ce qu'on demande contre le cancer.

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