En apparence, tout y était. Le premier ministre, la présidente du Conseil du Trésor et le ministre de la Santé devant un parterre bondé. Sept pelles étincelantes, plantées dans un tas de gravier en prévision de la fameuse pelletée de terre. Des journalistes et des caméras pour capter l'événement. Pourtant, un élément essentiel manquait au lancement des travaux du Centre de recherche du CHUM cette semaine: l'enthousiasme. C'est bien dommage, car c'est l'un des projets les plus inspirants en ce moment à Montréal.

Ce n'est pas tous les jours qu'on annonce un investissement de près d'un demi-milliard pour bâtir, dans un secteur négligé du centre-ville, un centre ultramoderne où travailleront quelque 1300 personnes actuellement éparpillées sur six sites distincts. Le projet est peut-être moins glamour que la nouvelle salle de l'OSM ou le Quartier des spectacles, mais il n'est pas moins déterminant pour la métropole. Le potentiel d'attirer des cerveaux et des capitaux est bien réel. Les recherches menées dans ce centre profiteront à tout le Québec, tant par l'avancement des soins que par leur potentiel commercial.

Rien de tout cela ne transparaissait jeudi, dans l'immeuble désaffecté de Vidéotron où avait lieu l'annonce. Seul le nouveau directeur général du CHUM, le Français Christian Paire, a parlé de façon un peu inspirée. Peut-être parce qu'il s'agissait de sa première pelletée de terre pour cet hôpital? Son enthousiasme contrastait tellement avec la tiédeur ambiante que le premier ministre Jean Charest n'a pu retenir un sourire amusé.

Cette espèce de fatigue envers le CHUM est encore plus marquée au sein de la population. Et les politiciens en sont directement responsables. À force de retarder le chantier, d'en gonfler le budget et, surtout, de s'accrocher contre toute logique au mode de réalisation en PPP, Québec a réussi à transformer un projet qui aurait dû être mobilisateur en objet de cynisme et d'hostilité. Quel manque de leadership!

C'est d'autant plus affligeant que Montréal tente depuis des années de faire reconnaître son expertise en sciences de la vie et de la santé. Les forces sont là, mais le rayonnement n'est pas à la hauteur de nos ambitions. Le centre qu'on s'apprête à ériger au centre-ville pourrait avoir un impact majeur au point de vue l'image. C'est une occasion unique de montrer, de façon tangible, l'engagement de Montréal envers ce secteur. Saura-t-on l'exploiter? On est bien mal partis pour le faire.

Espérons que les chercheurs du CHUM, une fois installés dans leurs nouveaux locaux, sauront faire mieux que nos politiciens. Quand on investit collectivement 470 millions de dollars dans une infrastructure de ce type, on s'attend à recevoir plus que du béton, du verre et des équipements sophistiqués. On s'attend à ce que cet argent ait un large effet d'entraînement. Bref, tout le contraire de ce qu'on a vu jusqu'ici.

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