Si rien n'est fait pour freiner la détérioration des finances publiques, le service de la dette accaparera tantôt 21 cents sur chaque dollar de revenu de l'État, calcule le Groupe consultatif sur l'économie et les finances publiques. Un pur gaspillage! Revenir à l'équilibre budgétaire ne sera ni facile ni agréable. Mais ce qui nous attend si nous nous laissons aller au statu quo est bien pis.

Bien que mandatés par le ministre des Finances, les quatre experts n'hésitent pas à sortir du cadre budgétaire et financier esquissé par Québec en 2009. Il faut aller chercher moins d'argent dans les poches des citoyens et davantage dans les tiroirs de l'État, recommandent-ils. C'est ce qu'ils appellent le «pacte 50-50». Pour chaque dollar de revenu additionnel soutiré aux contribuables, la province devrait couper un dollar de ses propres dépenses. Une approche plus respectueuse de la capacité de payer des contribuables, et qui instille une saine discipline... à condition que le gouvernement se donne la peine de faire l'exercice intelligemment.

 

Réduire les dépenses de l'État n'a rien de sorcier. À partir du moment où on accepte d'en payer le prix politique, on peut diminuer les services. Ou passer le rabot à la grandeur, en comprimant toutes les charges sans distinction. La stratégie peut paraître simple et rentable, mais elle est surtout irresponsable. Le gouvernement, aux dernières nouvelles, est élu pour faire des choix.

Les Québécois ne veulent pas d'un autre exercice de coupe à l'aveuglette. Ils demandent à l'État de se comporter en bon gestionnaire et de trouver des gains d'efficacité dans sa gigantesque machine. Pas en envoyant une infirmière sur 10 à la retraite. Ni en réduisant le nombre de prothèses de la hanche allouées à chaque hôpital. Mais, par exemple, en s'interrogeant sérieusement sur le fonctionnement de son ministère le plus coûteux. Un assureur privé sait qu'il n'a pas intérêt à laisser ses frais de gestion gruger ses revenus. Le ministère de la Santé a-t-il le même souci? Difficile de le croire quand on regarde son monstrueux organigramme.

L'opération ne contribuera sans doute pas autant qu'on le souhaiterait à l'équilibre budgétaire de 2013-2014, mais il n'est pas moins urgent de l'entreprendre. Ses gains futurs seront bienvenus lorsque le vieillissement de la population commencera à peser sur les finances publiques.

Sur le front des revenus, le groupe propose, sans employer ce terme, de dépolitiser certaines dépenses, comme les garderies subventionnées ou les frais de scolarité. Le principe est simple: convenir de la part que les utilisateurs doivent assumer (par exemple, 25% du coût des services de garde) et ajuster ces tarifs en fonction de l'évolution des coûts réels de ce programme. Les augmentations se feraient de façon beaucoup plus graduelle, et moins mélodramatique, que lorsqu'elles obéissent à des calculs électoralistes. Le gouvernement Charest devrait y songer sérieusement.

 

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