L'influence des pairs, ça ne joue pas que sur les ados. Quand il s'agit d'alcool au volant, les adultes aussi y sont sensibles. Lorsqu'un proche essaie de les dissuader de conduire après avoir bu, ils ont tendance à l'écouter, montre un récent sondage de la Société de l'assurance automobile du Québec (SAAQ). Toutefois, ce genre d'intervention demeure rare. Si la SAAQ veut que cela se généralise, elle devra passer le message.

Vous avez pris au moins deux consommations depuis une heure. Ou plus de cinq durant la soirée. Quelles sont les chances que quelqu'un intervienne pour vous empêcher de prendre le volant? Seulement une sur quatre, révèle un sondage Léger Marketing obtenu par La Presse.

Dissuader un parent ou un ami de prendre son véhicule n'est pas toujours facile. Surtout lorsque le conducteur se sent tout à fait en contrôle - alors que sa consommation permet d'en douter.

C'est un peu le genre de situation qu'on retrouve dans la pub télé de la SAAQ cette année. L'hôte demande à son invité s'il est «correct» pour conduire. «Pas de problème», répond celui-ci avec un grand sourire. Mauvaise estimation, puisqu'on le retrouve menotté à l'image suivante. Cette pub ne vise pas à culpabiliser les proches, nous dit la SAAQ, mais à faire comprendre qu'on peut dépasser le 0,08 sans avoir l'air ivre. Pour que la démonstration soit concluante, il fallait que le personnage se fasse arrêter.

Dans la vraie vie, cependant, l'entourage peut avoir une influence déterminante. On l'a vu dans le sondage, seulement 25% des répondants ayant consommé de façon importante ont été interpelés par un proche. C'est très peu. Sauf qu'ils ont presque tous accepté de ne pas conduire. Une donnée étonnante, mais qu'on ne peut se permettre d'ignorer.

La SAAQ, évidemment, aimerait que les parents et amis s'impliquent davantage. Mais pour cela, il faudrait qu'elle en parle.

Les lois, lorsqu'elles sont appliquées, ont un impact sur les comportements. Les conséquences d'une arrestation à plus de 0,08 sont tellement pénibles que bien des automobilistes ne s'y risquent plus. Pour influencer les valeurs, par contre, mieux vaut miser sur la sensibilisation. En 2003, après deux ans de campagnes incitant l'entourage à intervenir, 93% des personnes sondées disaient se sentir désormais justifiées d'insister auprès de leurs proches. Ce niveau d'engagement a dû drôlement faiblir, ou devenir très théorique, pour que seulement 25% des personnes à risque fassent l'objet d'une intervention!

Il ne s'agit pas de transférer le fardeau de la prévention aux hôtes et aux convives. Les campagnes de sensibilisation et les barrages routiers doivent demeurer les principaux instruments de dissuasion. La vigilance des proches n'est qu'une mesure d'appoint. Mais si la SAAQ veut qu'elle s'exerce davantage, elle doit en faire la promotion. C'est le meilleur moyen de rendre ce type d'intervention normale et souhaitable aux yeux du public.

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