Si on ne renfloue pas le Régime des rentes du Québec, les coffres seront à sec dans quelques dizaines d'années. Des décisions difficiles doivent être prises. La consultation qui se termine mercredi prochain a permis d'entendre plusieurs points de vue, mais c'est l'ensemble de la population qui devrait s'intéresser au problème.

Le débat, reconnaissons-le, n'est pas simple. On parle beaucoup d'équité entre les générations, sous-entendant par là qu'il ne faut pas refiler une facture trop lourde aux plus jeunes. Le vrai risque, c'est plutôt qu'ils refusent de la ramasser, cette facture.

Si rien n'est fait, la réserve du Régime sera épuisée en 2051. Les prestations devraient alors être entièrement financées par les cotisations, qu'il faudrait donc augmenter de façon très importante. Le taux bondirait de 9,9% à 12,6% du salaire assurable, calcule la Régie des rentes. Chaque travailleur verrait son chèque de paie diminuer. Le choc serait encore plus grand pour les employeurs, pour qui l'effet serait multiplié par le nombre de personnes à leur service. Il deviendrait alors très tentant de prendre des mesures radicales pour limiter cette hausse - comme diminuer les prestations aux retraités. Et ceux qui disent que ce sera bien fait pour les boomers devraient sortir leur calculatrice. En 2051, les plus jeunes auront 86 ans. Une bonne partie de cette cohorte ne sera donc plus de ce monde. Ce sont les générations suivantes qui pâtiront de telles décisions.

Il faut ajuster le tir pendant qu'il en est encore temps. Prévoir une hausse progressive du taux de cotisation, combinée à d'autres mesures pour limiter ces hausses. En corrigeant les règles qui poussent les travailleurs à prendre leur retraite prématurément, par exemple. Nous nous retirons du marché du travail plus tôt qu'ailleurs au Canada, ce qui coûte cher à notre régime. Les travailleurs doivent demeurer libres de leur choix. Toutefois, il faut s'assurer que ceux qui ont envie de demeurer actifs ne soient pas incités à faire le contraire, comme c'est le cas actuellement. La Régie propose des changements intéressants en ce sens.

Par contre, l'organisme doit faire une croix sur son projet de limiter le versement de la rente de conjoint survivant à 10 ans. Même si les femmes sont plus présentes sur le marché du travail, beaucoup font encore passer leur carrière au second plan. Au décès du conjoint, c'est souvent la principale source de revenu du ménage qui disparaît. On ne va pas appauvrir davantage ces veuves en les privant de leur rente de survivantes! Si on veut réduire le coût de cette rente, on devrait plutôt allonger la période de vie commune nécessaire pour y avoir droit quand le couple n'a pas d'enfants. En trois ans, on fait rarement des sacrifices qui vous rendent financièrement dépendant de l'autre.

La Régie prévoit remettre son rapport synthèse d'ici la fin de l'année. Il faudra qu'il circule largement, et que la population s'y intéresse, avant que le gouvernement décide des changements à effectuer.

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