«Quand on cherche, on trouve», affirme le dicton. Les pathologistes québécois se doutaient bien qu'en enquêtant sur les analyses de cancer du sein, ils avaient de bonnes chances de découvrir des erreurs. Hélas, ils ont vu juste. Plusieurs de nos labos publics ont des problèmes de fiabilité inquiétants. S'il est urgent d'y remédier, il faut aussi savoir que le phénomène n'est pas unique au Québec. Il a été détecté dans de nombreux labos, et pas seulement à Terre-Neuve.

Les lacunes relevées par l'Association des pathologistes du Québec doivent être prises au sérieux. Ces tests, qui servent à orienter le traitement, sont d'une importance déterminante. Un résultat erroné peut priver une patiente de la médication appropriée. Ou, au contraire, lui faire subir un traitement inutile et dangereux. On a beaucoup parlé des coûts du Herceptin. À 45 000$ par patiente, on ne veut pas l'administrer pour rien. Cela dit, même si le médicament était gratuit, il ne faudrait pas le prescrire à la légère, car il peut causer de graves problèmes cardiaques. C'est d'ailleurs pourquoi l'agence chargée d'évaluer les technologies et les traitements pour le ministère de la Santé a recommandé que les labos qui font ces tests soient soumis à des contrôles externes. Un an plus tard, on attend toujours.

 

L'enquête-choc des pathologistes? L'Institut national de santé publique, qui relève du ministère de la Santé, en avait eu connaissance il y a un mois. Que personne à Québec n'ait flairé le potentiel de crise est assez révélateur. De toute évidence, la déficience était connue, ou soupçonnée, depuis longtemps. Les données n'ont fait que la confirmer.

Mais avant d'affoler la population, une mise en contexte s'impose. Nous ne sommes pas les seuls à avoir des problèmes de contrôle de qualité avec ces tests. Si nous n'avons pas de norme nationale pour le Québec, le Canada n'en a pas davantage. Les États-Unis se sont donné des lignes directrices il y a quelques années, mais leurs labos ne sont pas infaillibles pour autant. Les assureurs ont tellement de doutes sur la fiabilité des tests utilisés pour orienter les traitements contre le cancer du sein qu'ils acceptent souvent d'en rembourser un deuxième pour valider le diagnostic. Quand un assureur accepte de payer en double, c'est que ça en vaut vraiment la peine! Des études portant sur la qualité du travail des labos ont d'ailleurs constaté des taux d'erreurs importants dans ces tests, aussi bien aux États-Unis qu'ailleurs dans le monde.

Ce n'est pas une raison pour se traîner les pieds. Le patient qui combat un cancer ne veut pas savoir que la majorité des diagnostics rendus au Québec sont exacts. Le seul qui l'intéresse, c'est le sien. Il faut tout mettre en oeuvre pour lui donner cette assurance. À commencer par des contrôles de qualité indépendants dans les labos. Et s'il y en a qui ont des difficultés avec certains tests, il faudra confier ce travail à d'autres, le temps qu'ils améliorent leurs pratiques.

La tâche n'a rien d'insurmontable, à condition d'en faire une priorité. D'autant que certains labos, apparemment, seraient déjà conformes. Le ministre de la Santé devrait commencer par là et donner la liste des hôpitaux où il ne sera pas nécessaire de revérifier les tests. Ça ferait déjà quelques milliers de patients inquiets en moins.

 

Qu'en pensez-vous? Exprimez votre opinion