La Grande Dépression nous a montré à quoi s'expose un gouvernement qui refuse d'intervenir dans son économie. Déterminé à éviter le piège, Barack Obama s'apprête à dépenser des centaines de milliards de fonds publics pour stimuler la relance. C'est la voie à suivre, conviennent la plupart des économistes. Mais l'opération est d'une envergure telle qu'on s'avance en terrain inconnu.

Le déficit fédéral américain, qui a atteint un record peu enviable de 455 milliards en 2008, devrait bondir à 1200 milliards cette année, a-t-on appris cette semaine. Le déficit représenterait donc 8,3% du produit intérieur brut (PIB). Un boulet jamais vu depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Et ça n'inclut même pas le plan de relance présenté hier par Obama, dont la facture dépassera largement les 775 milliards prévus à l'origine.

 

Son timing, cependant, était impeccable. Les grands détaillants ont annoncé hier que la période des Fêtes avait été lamentable, les statistiques d'emploi dévoilées aujourd'hui s'annoncent consternantes. Qui pourrait contredire le président élu lorsqu'il affirme qu'en ce moment, «le gouvernement est le seul qui puisse fournir l'élan nécessaire pour nous sortir d'une récession aussi profonde et sévère»? Et comme il n'est pas encore à la Maison-Blanche, les Américains sont disposés à l'écouter sans le chahuter et, surtout, sans le tenir personnellement responsable de leurs malheurs. Après le 20 janvier, ce sera différent.

Obama promet de sauver ou de créer au moins trois millions d'emplois en cinq ans avec son plan. Pour y parvenir, il veut notamment réparer les routes et les ponts, moderniser les immeubles fédéraux, doubler la production d'énergies alternatives, informatiser les dossiers médicaux. Ces investissements sont défendables, mais leurs retombées seront inégales. Pour donner un électrochoc à l'économie, les projets d'infrastructure doivent démarrer rapidement. Est-ce possible? Il faudra voir. Les projets d'énergies vertes, en tout cas, s'étaleront sur plusieurs années.

La réduction d'impôts annoncée de 1000$ par famille, par contre, risque d'avoir des effets décevants. Les ménages seront plus tentés d'utiliser cette somme pour rembourser leurs dettes que pour aller au magasin. Bien sûr, la mesure plaira à l'électorat et aux républicains. Sauf qu'on s'éloigne de l'objectif premier, qui est de stimuler l'économie. Et ce n'est pas le seul facteur qui menace l'efficacité du plan Obama.

Cela fait des mois que les lobbies de tout poil accordent leurs instruments. Leur petite chanson est prête, ils n'attendent que le moment de passer le chapeau à tour de rôle. Le Canada devrait tendre l'oreille, car ils seront nombreux à exiger que Washington privilégie les fournisseurs locaux. En restreignant la concurrence, l'État s'expose à payer trop cher pour des solutions qui ne sont pas les meilleures. Sauf qu'avec les démocrates, la tentation protectionniste n'est jamais loin.

Barack Obama aura fort à faire pour convaincre le Congrès et les contribuables de miser autant d'argent sur un plan dont l'efficacité reste à démontrer. Mais l'utilisation optimale des fonds promet d'être un défi encore plus grand.

 

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