Québec a donné le feu vert hier à la construction d'une ligne électrique à haute tension nord-sud, la première depuis plus de 20 ans. Cette ligne reliera le poste stratégique de Chamouchouane, au Lac-Saint-Jean, à la région métropolitaine. Coût des travaux: 1,4 milliard.

La ligne 735 kV renforcera la fiabilité et la flexibilité du réseau de transport d'Hydro-Québec, celui-ci étant sollicité au maximum par les 4300 mégawatts de puissance qui s'est ajoutée depuis 1994. En préparation depuis cinq ans, le projet Chamouchouane-Bout-de-l'Île a suscité une vive opposition dans Lanaudière. Le groupe Citoyens Sous Haute-Tension a mené la lutte, affirmant que les paysages de la région seront «balafrés à tout jamais», que des animaux d'élevage mourront, que la santé des habitants sera affectée, etc. Même le Bureau d'audiences publiques en environnement (BAPE), pourtant sympathique aux opposants, a jugé infondées certaines de leurs craintes.

Si la Régie de l'énergie et la Commission de protection du territoire agricole ont approuvé le projet, le BAPE a suggéré «une pause» afin qu'Hydro-Québec évalue des solutions de rechange mises de l'avant par des citoyens. Or, la société d'État a déjà montré que ces scénarios étaient beaucoup plus coûteux et soulevaient d'importantes difficultés techniques.

Les inquiétudes des gens de Lanaudière au sujet de l'impact visuel de la ligne de transmission sont excessives. En effet, dans cette région, la ligne longera une ligne existante. Le BAPE déplore que, malgré cela, «la ligne demeurerait visible de plusieurs endroits». C'est vrai, les pylônes invisibles n'ont pas encore été inventés. À moins d'enfouir la nouvelle ligne, comme le suggèrent certains, que le coût prohibitif d'une telle mesure ne semble pas préoccuper.

Selon la Fondation Rivières, «pour une portion très importante de la population, la recherche d'une qualité de vie débute avec l'évasion dans les milieux naturels. Les gens recherchent les lieux à l'état naturel». Sans doute. Mais ces mêmes gens veulent aussi avoir accès à une électricité abondante, fiable et peu coûteuse.

Le député péquiste Bernard Drainville accuse le gouvernement de «foncer tête baissée» dans un «projet de luxe». Pourtant, il y a un mois, M. Drainville proposait l'électrification massive du parc automobile et des transports collectifs. S'imaginait-il que cela pourrait se faire sans l'ajout de quelques pylônes au réseau d'Hydro-Québec?

De grâce, faisons preuve d'un peu de cohérence. Puisque nous consommons de plus en plus d'électricité, la construction d'infrastructures de transport supplémentaires est inévitable.

La fiabilité de l'approvisionnement en énergie de la région de Montréal dépend de la réalisation du projet Chamouchouane-Bout-de-l'Île. Hydro-Québec a apporté plusieurs changements au tracé original afin de minimiser les effets sur l'environnement et le paysage. Il est temps d'aller de l'avant.