Lancées la semaine dernière à Lima (Pérou), les négociations visant à préparer le terrain pour une nouvelle entente sur la lutte aux changements climatiques entrent ce matin dans le dernier droit. Les discussions se déroulent maintenant au niveau politique. Si la 20e « Conférence des parties » s'est ouverte dans l'optimisme, une certaine inquiétude a gagné les délégués à mesure qu'ils prenaient conscience de l'ampleur du défi.

La conférence de Lima mettra la table pour une année intensive de pourparlers qui se concluront lors de la conférence de Paris, dans un an. L'objectif a été fixé par le dernier rapport du Groupe intergouvernemental d'experts sur le climat : réduire de 40 % à 70 % les émissions de gaz à effet de serre d'ici à 2050, de façon à ce que la hausse de la température de la Terre ne dépasse pas 2 degrés. Si l'objectif est clair, les désaccords sont nombreux et profonds quant aux meilleurs moyens de l'atteindre. Il y a donc très loin de Lima à Paris, au sens diplomatique comme au sens géographique.

Première question litigieuse : l'accord doit-il obliger les signataires, en vertu du droit international, à atteindre des cibles chiffrées de réduction des émissions ? L'Union européenne croit que oui. Sur cette question, elle se retrouve toutefois en mauvaise compagnie : l'Australie, gros producteur de charbon, que les écologistes soupçonnent de défendre ce point de vue pour faire dérailler les négociations. L'administration Obama s'oppose à ce que l'entente prenne la forme d'un traité contraignant. En vertu de la Constitution américaine, tout traité doit être ratifié par le Sénat. Or, ce dernier étant contrôlé par les républicains, l'échec serait garanti.

Deuxième question litigieuse : quelle part de l'effort mondial sont prêts à assumer les différents pays ? L'entente conclue en novembre par les États-Unis et la Chine a fait souffler un vent d'espoir, mais les objectifs retenus restent en deçà de ce qui est requis pour freiner le réchauffement de la planète. L'Union européenne s'est engagée à réduire ses émissions de 40 % (par rapport à 1990), mais cette cible en apparence ambitieuse a été dénoncée par les mouvements écologistes. Enfin, sur ce sujet de même que sur les questions financières, le fossé entre pays développés et pays en développement demeure immense.

La ministre de l'Environnement, Leona Aglukkaq, traîne à Lima la mauvaise réputation (méritée) du Canada. Dans le palmarès des politiques climatiques publié hier par le groupe de réflexion Germanwatch, notre pays a été classé 58e (sur 61 pays). Depuis l'an dernier, le Canada a été doublé par... la République islamique d'Iran.

Malheureusement, le gouvernement Harper ne donne aucun signe de vouloir prendre ses responsabilités à l'égard de la planète. D'ailleurs, dans le document résumant la position qu'il défend à Lima, Ottawa a réussi à ne pas dire un mot au sujet de l'industrie pétrolière.